Les associations de défense des droits des homosexuels et des familles homoparentales ont longtemps soutenu que le nombre d’enfants concernés par l’homoparentalité était très élevé. Elles continuent, d’ailleurs, à afficher des chiffres très importants, ce qui est, somme toute, de bonne guerre. Toute cause a besoin d’effectifs conséquents pour mobiliser à la fois l’opinion et le législateur.
Ainsi les associations de promotion des droits des homosexuels – l’APGL au premier rang -, évaluent, depuis le début des années 2000, à 300 000 le nombre de familles concernées. Concrètement, cela signifie, ou au moins cela doit être étendu comme ceci : au moins 300 000 enfants (comprendre mineurs de moins de 18 ans) vivent avec deux adultes homosexuels.
Ce chiffre est, bien entendu, très très élevé et peut être aisément contesté. Interrogés, les responsables d’associations de familles homoparentales répliquent parfois qu’il ne s’agit pas d’enfants vivant actuellement avec des parents homosexuels, mais de descendants (donc de tous les âges possibles) d’un ou de parents homosexuels. Cette affirmation, en l’état des enquêtes, est invérifiable.
Une étude de l’INED, publiée à la fin des années 2000, estimait le nombre d’enfants actuellement élevés par des couples du même sexe dans une fourchette de 25 000 à 40 000.
Ces deux estimations, très éloignées, étaient citées dans l’étude d’impact du projet de loi instituant le mariage “pour tous”.
Début 2013, l’INSEE a publié de nouveaux chiffres, à partir de la grande enquête « Famille et logements ».
Nombre et répartition des personnes se déclarant en couple de même sexe
Total des personnes en couple |
Hommes |
Femmes |
|||||
Effectifs |
Part (%) |
Effectifs |
Part (%) |
Effectifs |
Part (%) |
||
Pacsé |
85 500 |
43 |
54 000 |
47 |
31 500 |
38 |
|
Union libre |
112 500 |
57 |
62 000 |
53 |
50 500 |
62 |
|
Total |
198 000 |
100 |
116 000 |
100 |
82 000 |
100 |
|
Cohabitant |
167 000 |
84 |
97 500 |
84 |
69 500 |
85 |
|
Non cohabitant |
31 000 |
16 |
18 500 |
16 |
12 500 |
15 |
|
Total |
198 000 |
100 |
116 000 |
100 |
82 000 |
100 |
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Champ : France métropolitaine, population des ménages ordinaires, personnes de 18 ans ou plus déclarant être actuellement en couple avec un conjoint de même sexe. | |||||||
Source : Insee, enquête Famille et logements 2011. |
Que tirer de ces informations précises ?
1. 200 000 personnes se déclarent homosexuelles vivant en couple (mais environ 35 000 d’entre elles, vivant en couple, ne vivent pas sous le même toit). En tout état de compte, ceci nous donne 100 000 couples homosexuels.
2. Dans 10 % des cas, il y a au moins un enfant dans ce couple. Ce qui nous fait un minimum de 10 000, et un très très grand maximum – avec cette étude – à 25 000 enfants (avec une hypothèse maximaliste à 2,5 enfants par couple) vivant, au moins une partie du temps, dans un couple homosexuel.
3. Sur le plan de la structure de la famille homoparentale : dans 80 % des cas de couples vivant avec des enfants, il s’agit de couples de femmes. Et dans 90 % de ces cas, l’enfant préexistait à la constitution du couple homoparental (lesbien). Dans les autres cas, l’enfant est vraiment l’aboutissement d’un projet – compliqué – de couple, avec adoption ou PMA. Donc, au total, l’homoparentalité est, très majoritairement, un phénomène féminin, issu principalement de décompositions de couples hétérosexuels.
En termes généraux, il faut donc souligner que, de facto, la quasi intégralité des familles homoparentales sont des familles recomposées. On pourrait aussi dire, avant la mise en œuvre du mariage pour tous et de ses conséquences sur l’adoption, que l’intégralité des familles homoparentales sont des familles recomposées. Puisque, précisément, il s’agit de familles dans lesquelles un enfant vit avec deux adultes, dont l’un n’est pas un de ses parents.
Enfin, il demeure un petit problème statistique, plus compliqué encore, celui du nombre d’enfants vivant avec un parent homosexuel. Il peut s’agir d’enfants vivant avec leurs deux parents, de sexe différent, mais l’un d’entre eux (et pourquoi pas les deux) avec des orientations sexuelles principalement homosexuelles. Moins exotique, existe aussi la situation d’enfants vivant, au moins une partie du temps, avec un parent homosexuel isolé. Si la situation n’est pas si marginale que cela, il reste à savoir la dénommer. Peut-on valablement parler de “famille homomonoparentale” ? Probablement pas.
Sources :
. Les chiffres publiés en 2013 par l’INSEE : www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=0&ref_id=ip1435#inter8.
. Une estimation plus ancienne (Enquête sur l’Histoire Familiale) du nombre de couples homosexuels : www.ined.fr/lili_efl2010/cahier_ined_156/ci_156_partie_9.32.pdf (les experts comptent alors un tout petit peu plus de 20 000 couples homosexuels, mais soulignent les limites de leur démarche)
. Une présentation animée récente (2013) par l’INED : www.ined.fr/fr/tout_savoir_population/fiches_actualite/difficile_mesure_homoparentalite/