Voici un document original.
Il s’agit, si l’on veut faire pompeux, d’un reportage sociologique. Ça doit
prendre 5 minutes à feuilleter.
Concrètement : une compilation de photographies et d’observations, sur environ
deux ans, au sujet d’un petit campement de tentes, au cœur du 11ème
arrondissement à Paris.
Confinement et déconfinement, couvre-feu à 18 heures ou à 19 heures, sous la pluie ou sous la neige, en hiver comme en été, on a l’impression que le site évolue peu. Il grandit ou rétrécit au gré des arrivées et des départs. Il fait l’objet de multiples manifestations de bienveillance et d’agacement.
Malgré les attentions locales, les maraudes, les efforts publics et privés, les
annonces martiales sur les sans-abrisme et le « logement d’abord », j’estime
que les habitants de ce site sont abandonnés. L’expression est paradoxale, au
sens où les pouvoirs publics et les opérateurs associatifs n’ont jamais autant
fait. Mais je pense que l’idée que l’on pourrait valablement agir pour ceux qui
habitent complètement la rue et que cette vie abime fortement a été, en réalité,
abandonnée. Ces sans-abri constituent pourtant les cibles iconiques des
politiques de lutte contre la pauvreté. Celles-ci les touchent finalement bien
peu.
Pour le débat.