« Qui sont les classes moyennes ? », Actualités Sociales Hebdomadaires, n° 2748, 24 février 2012.

Les classes moyennes (le pluriel est d’importance), auxquelles s’identifient majoritairement les Français, rassemblent les individus situés entre les moins bien lotis et les plus fortunés. Ces classes moyennes, ni prolétaires ni bourgeoises (pour prendre une tripartition plus traditionnelle), méritent leur pluriel, d’abord parce qu’il y a hétérogénéité des positions.

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Les classes moyennes et le logement, Paris, Fondation pour l’innovation politique, 2011.

Les classes moyennes, aux frontières floues et poreuses, sont affectées par un déclassement (ressenti et observé) en ce qui concerne le logement (celui dans lequel elles se trouvent, celui auquel elles aspirent, celui auquel elles peuvent prétendre). Pour ces catégories centrales de la hiérarchie sociale, le pluriel n’est pas que de circonstance. Concrètement, il s’agit des personnes et ménages qui ne vivent ni l’aisance ni l’assistance, ni dans les banlieues huppées ni dans les quartiers défavorisés. Ce sont les strates inférieures des classes moyennes, quelles que soient les définitions et délimitations retenues, qui rencontrent, en termes de logement, le plus de difficultés, se rapprochant des catégories les moins favorisées.

Dans l’ensemble, les mécanismes sociofiscaux ne sont pas favorables aux classes moyennes (les aides au logement vont d’abord aux moins favorisés, les dépenses fiscales bénéficient aux mieux lotis). Alors que, historiquement, la politique du logement a plutôt visé les classes moyennes, celles-ci sont désormais relativement mises de côté par rapport, d’une part, aux ménages les plus pauvres et, d’autre part, aux investisseurs plus aisés. Dans leur diversité, les ménages ainsi rassemblés adoptent des stratégies d’adaptation, de sécurisation et de localisation qui accompagnent les transformations des territoires en France. L’éclatement structurel des classes moyennes se double de l’émiettement des territoires.

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