Un éditorial du Point
Le dernier ouvrage de A. Atkinson et une réflexion originale sur la fracture numérique mondiale
Les points (aiguilles) sur cette carte correspondent aux endroits dont proviennent les voyageurs passés par l’Islande. Commentez. Vous avez un quart d’heure.
Une synthèse sur la pauvreté en France, dans “Sciences Humaines” (avril 2019)
” No one is Homeless. What is Missing?”
Un article de prospective… avec quelques questions majeures.
À télécharger ICI
Les drames de l’immigration échouée sur les côtes et dans les rues européennes alimentent les deux chroniques lacrymale et sécuritaire. Un paroxysme est atteint dans certains points de fixation qui contribuent à la bidonvillisation de certaines parties de villes. Les populations s’émeuvent de la misère et s’inquiètent de sa proximité. Un mélange de témérité individuelle de migrants qui n’ont pas grand-chose à perdre et d’industrie mafieuse de traite des êtres humains nourrit des réactions vives, bien compréhensibles, de populations se retrouvant au voisinage immédiat de nouveaux campements et bidonvilles. L’aggravation de la crise migratoire – pression démographique, tensions géopolitiques internationales et incurie politique européenne obligent –conduit à penser que le phénomène n’est pas appelé à s’essouffler. Le problème des migrants et des campements n’est pas un sujet du présent, mais assurément un sujet à mieux traiter demain.
Naturellement, de multiples points de vue s’opposent, de façon très vive. Une manière de voir, cherchant à comprendre plutôt qu’à justifier ou invectiver, consiste à recourir à l’histoire et à la sociologie, dans une perspective longue. Les sciences sociales, de qualité, aident à baliser l’actualité plutôt qu’à en faire le commentaire dépité, enthousiaste ou cynique. On soutiendra ici que la compréhension de la crise actuelle doit partir d’un constat très prosaïque : le ping-pong auxquels sont contraints les autorités, à tous les niveaux. Et on soutiendra qu’il y là, au fond, un problème assez classique de l’histoire du vagabondage. Certes les termes ne sont pas forcément bien adaptés. Le recours, imagé, au jeu de ping-pong peut sembler plus ironique que descriptif. Il est pourtant souvent employé et on le conservera car il désigne indubitablement une réalité. Plus au fond, les contenus juridiques de ce qu’étaient les vagabonds et de ce que sont les migrants, réfugiés, sans papiers ou encore demandeurs d’asile ne sont pas les mêmes. On trouve, parmi ces catégories, des nationaux, des européens, des illégaux. Ils sont tous, de facto, deux points communs : l’indigence et l’errance. Dit de manière plus simple, ceux que l’actualité désigne comme migrants sont des vagabonds, les vagabonds de l’ère de la mondialisation.
Vagabondage et mendicité font, au moins en Europe, l’objet d’interventions publiques depuis très longtemps. A partir du milieu du XIVème siècle, le contrôle de la population errante devient la grande affaire d’ordre des Etats monarchiques. Avec le contrôle de ceux qui échappent aux communautés et aux solidarités locales, l’Etat expérimente incriminations, châtiments et tentatives de réhabilitation, s’affirmant de la sorte contre les pouvoirs locaux. Depuis lors, les possibilités de communication et les vitesses de déplacement ont considérablement augmenté. C’est maintenant à l’échelle européenne que le problème se pose. Pour étayer un tel argument, on s’inspirera de la manière dont le sociologue néerlandais Abram de Swaan, dans la suite des travaux fondateurs de Nobert Elias, analyse l’évolution de la prise en charge des vagabonds et des mendiants, parallèlement à la montée en puissance des Etats centraux.
Du ping-pong local au ping-pong national
D’abord, comment caractériser la gestion collective des migrants, réfugiés, sans-papiers, demandeurs d’asile (on ne sait trop quel terme privilégier) ? La métaphore du ping-pong, qui peut se discuter, est souvent employée. On parle aussi parfois de pousse-pousse, d’un campement dont on fait décamper les habitants à un autre campement où ces habitants viennent s’implanter. Ping-pong, pousse-pousse, l’idée est la même. Théoriquement, le sujet relève de la théorie des jeux et de la faible capacité, sans incitations, à coopérer. Prosaïquement, on ne règle pas, mais on déplace. D’un site à l’autre on repousse, d’une ville à l’autre on transporte, d’un pays à l’autre on renvoie les personnes et les responsabilités. Ce ping-pong, qui se joue d’un bidonville évacué à un nouveau campement établi, de pays aisés mais inquiets à des pays en guerre et détruits, mais aussi entre villes et pays plutôt bien lotis, n’est pas chose neuve. Il s’agit de la version contemporaine et internationalisée du problème pluriséculaire du vagabondage et de la mendicité.
Au Moyen-Age, en Europe, il s’agissait de savoir pour une paroisse, une petite communauté, si elle allait accueillir ou repousser des indigents qui n’y étaient pas établis. Le problème soulevé par l’accueil de pauvres venus d’ailleurs s’est avéré non pas un sujet de moyens et de finalités mais un problème de coopération. Un dilemme classique de l’action collective. Si la paroisse se fait accueillante, que vont faire les autres ? Toutes pourraient profiter de l’occasion pour se débarrasser de leurs pauvres. Les communautés n’avaient, en effet, que deux possibilités : accueillir les pauvres qui se présentaient à leurs portes ou les renvoyer. Si une communauté, pour des raisons religieuses ou politiques, décidait d’accueillir, elle n’avait aucun moyen de savoir si les autres collectivités allaient faire de même ou si, au contraire, elles n’allaient pas profiter de cette offre d’accueil pour se décharger de leurs propres pauvres et renvoyer tous les errants. L’équilibre et la coordination du système de secours aux indigents et/ou de coercition des vagabonds, organisé au niveau local, étaient recherchés au niveau régional. Mais rien ne pouvait contraindre une autorité locale à agir dans un sens ou un autre.
D’où la nécessité de faire émerger des autorités régionales en charge du traitement, surtout répressif, du vagabondage, en obligeant les communautés locales à la coopération. Les moyens de communication et de déplacement se développant, ces autorités régionales ont connu le même dilemme, à une échelle donc plus large. Il a fallu que s’affirment les Etats nation afin de tenter de réduire le jeu coopératif instable des régions. Avec le développement des villes et de leurs interdépendances, l’Etat, partout en Europe, est ainsi intervenu pour qu’un équilibre régional des secours s’ajoute aux systèmes charitables locaux devenus insuffisants. La première tentative d’un équilibre territorial plus large fut, en Angleterre, le système des « Poor Laws » et, en France, le « grand renfermement » du XVIIème siècle. Les « lois sur les indigents » constituent un ensemble de textes, dont les plus importants datent du XVIIème siècles, visant à contrôler et fixer les vagabonds et autres indigents dans les paroisses anglaises. Sur certains sites, certaines catégories de pauvres pouvaient se voir allouer une allocation de subsistance. La plupart du temps, il s’agissait de chercher à les faire travailler au sein de « workhouses », des hospices à très stricte discipline. En France, l’initiative de Louis XIV, rapportée de façon discutable par Michel Foucault sous ce nom de « grand renfermement », crée l’hôpital général, à Paris d’abord, dans les provinces ensuite. Des bâtiments, les hôpitaux généraux, étaient édifiés ou transformés pour y enfermer les pauvres afin de mettre fin au vagabondage. Au même moment naissait l’idée des ateliers de charité. Les pauvres n’étaient plus simplement enfermés pour être entretenus ou punis. Ils se voyaient proposer une tâche qui devait les convertir, les punir, les guérir ou les rééduquer. Le principe était d’employer les pauvres valides dans un système de secours autofinancé. Cette idée de créer une certaine autarcie de l’assistance donna l’illusion d’une issue au dilemme entre accueil et renvoi qui accablait le système de collectivités autonomes. Mais les ateliers, comme d’ailleurs les workhouses au Royaume-Uni, avaient peine à s’autofinancer et ils étaient critiqués par les entreprises voisines qui y voyaient une concurrence déloyale. Le pouvoir central joua alors un rôle décisif en soutenant les villes et en apportant financements et/ou commandes à des atelier ou à des hôpitaux. Par la suite les vagabonds et autres indigents sans résidence stable ont glissé du droit pénal au droit social. Les « poor laws » ont été abrogées et les hôpitaux généraux ont changé de destination. Mais l’intervention de l’Etat, ne visant plus seulement la lutte contre la criminalité mais aussi la lutte contre la pauvreté, a continué son affirmation. La participation de l’Etat dans la lutte contre le vagabondage et dans l’aide aux pauvres n’a ainsi cessé de croître. L’autonomie communale s’est effacée devant l’émergence d’un Etat central de plus en plus puissant pour gouverner les communautés de son territoire.
L’histoire de la prise en charge du vagabondage éclaire les phénomènes actuels. La leçon de cette rapide reprise, c’est que des communautés autonomes se révèlent incapables d’action collective pour gérer le vagabondage sans autorité centrale régulatrice. Les interventions de l’Etat ont pour objet, dans ce cadre, d’organiser la surveillance des déplacements et la coopération entre les villes. Mais ces interventions sont dépassées dans un cadre international plus ouvert.
Du ping-pong national au ping-pong global
Passée du local paroissial au national étatique, la gestion de la question des vagabonds, rebaptisés sans-abri, a muté avec l’ouverture et l’élargissement progressifs des frontières européennes. Désormais les sans-abri peuvent, plus ou moins aisément, aller d’un pays à l’autre, en fonction de préférences personnelles, du niveau d’offre collective d’un territoire, de l’accent mis sur la répression ou l’accueil par les municipalités.
Depuis quelques décennies, alors d’ailleurs que les délits de vagabondage et de mendicité ont quitté les différents codes pénaux européens, le problème du traitement du vagabondage s’est ainsi étendu à une échelle plus large. Du local, puis au régional et au national, le sujet s’aborde aujourd’hui pleinement à l’échelle globale. La crise paraît aujourd’hui intense, au regard des évènements de ces mois récents et de la fixation de l’intérêt sur les cas de Calais et de Dunkerque, mais le sujet était déjà présent en ces termes globaux, avec les Maliens (on parlait alors des « Maliens de Vincennes ») qui campaient au début des années 1990 dans Paris et sa périphérie. Si l’épisode a été un peu oublié, il faut simplement rappeler qu’aux files d’attente des distributions de repas, réapparues dans les rues françaises dans les années 1980, parler français était alors suffisant. Dans les années 1990, dans les suites de l’éclatement du bloc soviétique et de la crise yougoslave, il a fallu s’habituer à tenter de parler d’autres langues, celles des pays de l’Est. Depuis les années 2000, et avec accroissement du phénomène par les crises afghane, libyenne, syrienne, irakienne, érythréenne, s’est ajoutée la nécessité de parler des langues extra-européennes. Cette extension du périmètre de la problématique classique du vagabondage illustre aussi ce qu’est la mondialisation. Mais ce n’est pas la mondialisation des capitaux et des cadres supérieurs. C’est une mondialisation par le bas. Et les nations sont engagées dans un jeu de ping-pong entre Mayotte et les Comores, entre les Etats membres de l’Union européenne et ceux qui se trouvent de l’autre côté de la Méditerranée ou à l’Est de leurs frontières, entre la France et certains Etats-membres en ce qui concerne une partie des habitants des bidonvilles qui sont des ressortissants européens. Dans tous les cas, il y a ping-pong, avec des prestations sociales et/ou sécuritaires, pour repousser et renvoyer. Le jeu se déroule à partir du barème des prestations sociales comme à partir du droit de résidence. Du local on est ainsi pleinement passé au global, au moins, incontestablement, à l’européen. En témoignent d’ailleurs les propositions et hésitations de l’Union, en conflit parfois ouvert avec certains Etats membres, au sujet, en quelque sorte, du partage du fardeau.
Aujourd’hui, dans une Union européenne aux frontières globalement ouvertes, la nouvelle échelle de la gestion de la question des sans-abri et autres migrants sans ressource est communautaire. Ce sont maintenant, à certains égards, plus les villes et l’Union que les régions et les Etats qui peuvent valablement agir.
L’alternative, dans un espace Schengen encore ouvert est simple. Il faut fermer les frontières pour tenter de traiter nationalement le vagabondage. Ou bien, constatant en l’espèce l’épuisement et le dépassement de l’Etat nation, il faut totalement européaniser le traitement, sécuritaire et social, de la question. Tout le reste relève du concert de pipeau.
Abram de Swaan, Sous l’aile protectrice de l’Etat, PUF, 1995, (1ère éd. 1988).
Abram de Swaan, Social Policy beyond Borders. The social question in transnational perspective, Amsterdam University Press, 2002
Les uritrottoirs, ces quelques pissotières à vocation écologique installées cet été à Paris, ont occupé une bonne place au palmarès des farces estivales. La polémique enclenchée, les quolibets suscités et les équipements dégradés n’arrangent rien aux affaires d’une municipalité empêtrée dans les échecs des Vélib’ et Autolib’. Le caractère ridicule d’un équipement réservé à des messieurs pouvant se soulager en public ne semble même pas surprendre une mairie pourtant prompte à donner des leçons de genre. L’argument écologique a été avancé : il s’agit d’innovations permettant la récupération des urines et leur transformation en fertilisants. On ne le comprend pas bien. Car plutôt que de nouvelles pissotières spécifiques et symboliques, il faudrait plutôt organiser une récupération généralisée. La maire de Paris rejoindrait, dans l’histoire de l’humanité, l’empereur romain Vespasien. Celui-ci, dont le nom est passé à la postérité avec les vespasiennes, avait établi une taxe pour les personnes urinant dans des lieux publics dédiés, leur production étant recyclée pour les teinturiers.
Le sujet prête d’abord les goguenards à glousser. Il n’en reste pas moins extrêmement sérieux. Les toilettes publiques méritent un effort d’attention. Endroits particuliers, plus ou moins familiers, au cœur de la ville, des restaurants, des gares, des écoles ou des universités, tous ces WC, loin d’être tous aisément accessibles et gratuits, sont des toilettes publiques. Public et toilette sont d’ailleurs des mots, comme le diraient les Beatles, qui ne vont pas forcément bien ensemble. Utiliser les commodités publiques engage des comportements particulièrement privés. Il en va des plus stricts secrets personnels, comme de règles collectives de civilité et de propreté.
Les évolutions des WC, toilettes publiques, sanisettes, et autres latrines ne constituent en rien un problème annexe ou marginal. Au contraire –il s’agit d’un thème important de la vie quotidienne, différenciant clairement les hommes des femmes, les jeunes des vieux, les riches des pauvres, ceux qui ont un logement de ceux qui n’en disposent pas. Concrètement, il s’agit bien d’un problème crucial pour les corps humains dans les environnements urbains contemporains.
Or ces toilettes publiques manquent dans les grandes villes françaises. Certaines d’entre elles, dont Paris, investissent dans des solutions qui peuvent s’avérer coûteuses et qui ont toujours du mal à s’insérer dans le paysage urbain. Mais les besoins – si l’on peut se permettre l’expression – demeurent criants. Avec des populations à la fois plus mobiles, plus diverses et vieillissantes, chacun peut se sentir concerné et tout le monde a déjà pu faire des expériences, plus ou moins heureuses. Il en va de sans-abri condamnés à l’indignité, jusqu’aux touristes interloqués par la malpropreté française, en passant par n’importe qui surpris par la nécessité.
Jusqu’au début du 18ème siècle, nous disent les quelques historiens qui ont bien voulu se pencher sur le dossier, la présence et le côtoiement de l’ordure et des mictions auraient modérément rebuté les paysans des campagnes comme les habitants des villes. Puis les seuils de tolérance, notamment olfactifs, à l’égard de la proximité des selles et déchets se seraient progressivement abaissés. Avec le développement parallèle de l’urbanisation et de l’hygiénisme, les municipalités vont prendre des initiatives pour l’implantation d’installations spécifiques. Naissent alors les premiers mobiliers urbains dévolus aux besoins humains les plus basiques. Les ancêtres des sanisettes modernes, baptisés alors « cases d’aisance » ou « chalets de nécessité », sont réservés aux hommes. Ces équipements resteront longtemps exclusivement masculins. Ils ne se féminiseront qu’au début des années 1980 avec ce que les observateurs avisés ont appelé les sanisettes Decaux.
Entre les deux guerres, Paris comptait plusieurs centaines de vespasiennes. Celles-ci ont connu une forte érosion de leur fréquentation et de leur réputation, à mesure que les logements devenaient mieux équipés en sanitaires. Décriés, depuis l’origine, comme nids de maladies, lieux de trafics, sites de rencontres et de relations réprouvées, ces équipements ont sombré dans la réprobation, à mesure du déclin de leur usage collectif. La raréfaction des toilettes publiques est même devenue, à certains égards, une politique publique. Dans certaines villes, le rasage des toilettes publiques a été une technique explicite visant à repousser les indésirables.
La disparition des toilettes ou la tarification même minime de leur accès ont le même type d’effets. Ceux à qui on souhaitait en interdire l’accès ne s’y rendent plus, mais ils deviennent plus visibles encore en étant obligés de se soulager directement dans l’espace public, devant tout le monde. Par ailleurs tous les passants qui n’ont pas de monnaie ou qui ne trouvent pas de sanisettes sont conduits à des précautions et à des retenues désagréables, ou bien, en dernière extrémité, à devoir trouver des solutions, dans des endroits qui ne sont pas prévus pour cela… Le dilemme se pose de manière évidemment disproportionnée pour les personnes dépourvues d’espaces et de toilettes privés. Les SDF, sans domicile ni offices privatifs, sont en permanence confrontés aux contraintes de la nécessité.
À Paris, la question des toilettes publiques a fait l’objet de nombreuses discussions au Conseil de Paris, à la passation de contrats, de marchés, de conventions de délégation de service public. Elle fait couler un peu d’encre. Mais elle ne fait pas encore véritablement l’objet d’une politique ambitieuse, de développement, d’adaptation aux transformations d’une vie parisienne plus mobile.
Soulignons tout de même que Paris a délivré, en quelque sorte, son laisser pisser au milieu des années 2000 en rendant gratuit l’accès aux toilettes publiques gérées par ou pour la municipalité. Du côté répressif elle a engagé plus récemment un plan dit anti-pipi. Une brigade contre les incivilités, montée en 2018, verbalise afin de tenter d’éradiquer, à coup d’amendes à 68 euros, les « épanchements d’urine sauvages ». Mais le Parisien reste sale et l’offre insuffisante. La ville dispose tout de même de plus de 400 édicules, dont 150 ouverts 24 heures sur 24.
Dans bien des lieux publics (gares notamment) la tarification est cependant encore de rigueur. Recourir aux bars, restaurants, hôtels, requiert des moyens ou, à défaut, de l’aplomb afin d’apaiser les envies les plus naturelles. Une voie originale pour développer le nombre de toilettes ouvertes au public consisterait à soutenir, avec des subventions bien dirigées, les bistrots classiques comme les chaines internationales. Aujourd’hui, aucune obligation ne pèse sur eux et ils peuvent légitimement refuser l’accès aux non-clients. En leur déléguant une forme de service public des servitudes d’aisance, en contrepartie d’un financement incitatif, Paris innoverait vraiment. La ville Lumière pourrait faire coup-double : d’une part, humaniser les espaces publics urbains ; d’autre part, contribuer à la sauvegarde de ces institutions que sont les bars, bistrots et brasseries. Pratiquement, la chose n’est pas forcément aisée. La réticence des gestionnaires doit pouvoir se compenser à travers une subvention substantielle. Celle-ci devrait être assortie de garanties quant à la propreté, la sécurité et la gratuité des toilettes. Doux rêve ou doux délire ? Il existe déjà une prime pour les bureaux de tabac qui remplissent des missions de service public de proximité (délivrance de timbres postaux, timbres amendes colis, presse, commerce alimentaire, etc.). Cette prime, pondérée en fonction du chiffre d’affaire et de la taille des communes, pourrait tout à fait se revoir afin de s’adapter au sujet des toilettes publiques.
Certains établissements ont pris les devants. La chaîne Starbucks, après un scandale retentissant aux États-Unis, à Philadelphie, a pris la décision de laisser ses toilettes empruntées par toute personne, cliente ou non, qui le souhaiterait.
Bien entendu, une généralisation n’a rien d’évident. L’essentiel serait certainement d’ouvrir bien davantage de toilettes au public dans les lieux ouverts au public, principalement les espaces de transport. Les gares et stations de métro devraient proposer des toilettes accessibles à toutes les personnes qui les fréquentent. Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, a proposé en septembre de au moins doubler les toilettes dans le métro. Le verbe est volontaire, mais comme il y a très peu de toilettes aujourd’hui dans le métro, les doubler ne changerait pas grand-chose. Il faut un modèle économique permettant d’assurer la gratuité, la propreté et la sécurité (un modèle GPS donc) de sites ouverts à tous dans ces espaces de circulation où des commodités de base sont de plus en plus nécessaires.
Si Paris a la capacité d’agir volontairement du côté de l’offre, la ville pourrait également agir plus fermement sur la demande… La ville devrait ainsi faire également preuve de davantage de fermeté contre les incivilités et les souillures. D’abord, en doublant le montant du PV lorsque le contrevenant s’épanche à proximité ou parfois même sur une sanisette. Ensuite, en s’attaquant résolument aux divers campements qui, par endroits, transforment Paris en dépotoirs et urinoirs à ciel ouvert. Un équilibre d’offre de services originaux et de tolérance zéro ferait vivre une politique publique efficace au service de la salubrité, de la dignité et de l’attractivité.
L’épisode des uritrottoirs aura eu l’avantage de rappeler que, à Paris notamment, les toilettes sont capitales. Il reste simplement à comprendre pourquoi les uritrottoirs parisiens se sont avérés si urticants alors que dans leur ville d’origine, Nantes, ils semblent mieux acceptés. Ils soulèvent en tout cas partout les mêmes problématiques.
Le revenu minimum d’insertion (RMI) a fêté, ce 1er décembre, son trentième anniversaire. Il avait franchi ses vingt ans en devenant, le 1er décembre 2008, le revenu de solidarité active (RSA). Pour ses quinze ans, en décembre 2003, il avait été décentralisé et confié, en partie, aux départements. En trente ans, la prestation, plusieurs fois retouchée, a beaucoup déçu.
La désillusion, qui affecte certainement plus les gestionnaires que les allocataires, procède d’un constat très simple : l’allocation, régulièrement reformatée, n’a jamais réussi à atteindre son objectif d’éradication de l’extrême indigence. Renommée et reconfigurée, étendue ou restreinte selon les époques, elle a accompagné bien des évolutions de la société française.
L’histoire de la prestation trentenaire est ponctuée de controverses qui sont toujours d’actualité. Il en va de savoir qui doit la gérer : l’État, les caisses de sécurité sociale, les collectivités territoriales ? Mais ce sujet de gouvernance, qui intéresse aujourd’hui des départements financièrement exsangues, n’est, au fond, pas de première importance. Il en va, également, de questions d’emploi, avec la problématique éternelle des effets désincitatifs à l’emploi des prestations d’aide sociale. Il en va, encore, de thèmes aussi techniques que philosophiques comme celui de la ressource à affecter à un tel budget. Il en va, enfin, du montant de la prestation. Son pouvoir d’achat, dans sa formule basique, a relativement décroché par rapport au SMIC. Mais pour en avoir une appréciation exacte, il faudrait resituer son évolution dans celle, plus générale, du système de redistribution qui, sur trente ans, a beaucoup changé.
Il est en tout cas certain que le RMI/RSA a parfaitement changé la vie des plus pauvres, en tout cas de ceux qui peuvent prétendre à ce revenu. La création du RMI est une date majeure dans la lutte contre la pauvreté. Il y a, incontestablement, un avant et un après en ce qui concerne la situation objective, sur le plan monétaire, des moins favorisés.
Voté à la quasi-unanimité à l’Assemblée nationale, le projet avait fait l’objet d’un beau discours par le Premier ministre. Évoquant un « nouvel espoir », Michel Rocard soulignait une innovation de portée considérable, comparable à la généralisation de la sécurité sociale. À une période de préoccupations et d’innovations tous azimut autour de ce que l’on baptisait « nouvelle pauvreté », Coluche avait créé les Restos du Cœur et les gouvernements cherchaient à agir. Gauche et droite s’accordaient sur la nécessité d’expérimenter et d’investir contre la précarité. Ainsi la création du RMI a-t-elle reposé sur une très large approbation politique. La dispute a cependant très rapidement repris, dès 1988, quand il s’est agi de financement. En effet, alors que le précédent Premier ministre Jacques Chirac avait fait voter, en 1986, l’abrogation de l’impôt sur les grandes fortunes (IGF), les socialistes, revenus aux affaires, le rétablissent sous le nom d’ISF (impôt de solidarité sur la fortune). L’introduction du mot « solidarité » dans le nom n’est pas anodin. Car cet ISF a pour fonction alors, entre autres, de financer ce nouveau RMI. La prestation faisait bien l’objet d’un assentiment et même d’une sorte de belle harmonie politique. Mais la contribution qui la permettait ouvrait sur des luttes partisanes anciennes, appelées à s’approfondir ensuite, et à rebondir aujourd’hui alors que la liaison entre RMI et ISF (devenu impôt sur la fortune immobilière – IFI) est formellement coupée.
Le RMI, avec sa visée de respect de la dignité humaine et sa place d’étage de base de la protection sociale, compte assurément parmi les rares réformes d’envergure du modèle social. Dès son discours à la tribune de l’Assemblée, Michel Rocard déclarait vouloir faire attention à ne pas « créer des abonnés de l’assistance ». Aujourd’hui, la critique est féroce. Le RSA symboliserait les dérives de l’assistanat. C’est en tout cas ce que répète à l’envi Laurent Wauquiez. Celui qui fut, en 2005, dans une commission présidée par Martin Hirsch, l’un des artisans du RSA, incarne cette condamnation. Avec des arguments parfois pernicieux, d’autres parfaitement audibles.
Le grand fond de l’affaire est que le RMI/RSA n’a pas permis ce qu’il promettait : l’extinction de la grande pauvreté et de la mendicité. Il faut se souvenir que l’un des objectifs assignés, en 1988, à cette innovation consistait à « obvier à la mendicité ». Le législateur avec cette expression reprenait, dans les rapports préalables à la loi, une formule issue de la période révolutionnaire. Le RMI reposait également sur des expérimentations menées avec ATD Quart-Monde qui avaient permis aux bénéficiaires, selon le titre d’un rapport, « Un an sans retourner chiner », c’est-à-dire sans fouiller dans les poubelles. Il suffit de constater l’état des rues et les tensions sur les budgets des ménages plus précaires pour considérer que l’objectif révolutionnaire d’en finir avec la manche et les activités dégradantes n’a pas été atteint. Ce qui attriste forcément.
La trajectoire du RMI, sur ces trois décennies, se jalonne de moments d’exaltation et de révision. Alors que l’une des perspectives contemporaines, annoncée pour 2020, porte sur la création d’un « revenu universel d’activité », on oublie rapidement que le RMI avait été revu en ce sens au début des années 2000. Était ainsi né, au moment où on décentralisait le dispositif originel, le « revenu minimum d’activité » (RMA), aujourd’hui totalement oublié. Complétant le RMI, sans le remplacer, ce RMA a rapidement échoué. Extrêmement sophistiqué, ce RMA n’a concerné qu’un nombre très restreint d’allocataires. À peu près autant que le nombre total des parlementaires, qui se sont longuement écharpés à son sujet.
A chaque fois présentées comme des réformes majeures, les transformations du RMI bousculent des principes et des institutions. Si le RMI avait fait dans son principe consensus, il n’en a pas été de même pour le RMA et pour le RSA. Dans les deux cas des oppositions se sont exprimées de manière passionnée.
Toutes les argumentations techniques ou polémiques relèvent d’une même problématique, celle des liens entre activités et garantie de ressources. Dès sa conception ont été adjoints au RMI des dispositifs cherchant à inciter au mieux les allocataires à se replacer ou se placer pour la première fois sur le marché de l’emploi. De fait, le souci de lien avec l’activité, d’« activation » dit-on, a toujours été présent.
Ces prestations ont été élaborées avec un double souci : garantir un revenu minimum, inciter à la reprise d’activité. Or les deux objectifs entrent nécessairement en contradiction, sur le papier comme dans la réalité. D’où des projets alternatifs, à faisabilité discutable, comme le revenu universel (sans être « d’activité ») ou l’impôt négatif. L’ensemble alimente l’usine à gaz socio-fiscale et douche d’une redoutable complexité tous les enthousiasmes réformateurs.
Reste les principaux concernés. Au moment de souffler les trente bougies du RMI, les allocataires continuellement dans le dispositif depuis l’origine se comptent sur les doigts de deux ou trois mains (on en recense une quinzaine). Le stock trentenaire, si on peut dire, est très réduit. Mais le flux, sur la période, aura été considérable. Plus d’une personne sur dix vit actuellement ou a vécu un moment de sa vie dans un foyer dont l’un des membres touche ou touchait ce revenu minimum. Ce qui, en 1988, ne devait toucher, selon les prévisions de l’époque, que quelques centaines de milliers d’individus au maximum, aura concerné plus de 10 % de la population française. Ce qui s’élaborait pour une population marginale est devenu un sujet central. Bon anniversaire ?
Un article sur les réformes possibles de l’accompagnement social et la perspective du référent unique.
« Accompagnement social et référent unique », Revue de droit sanitaire et social, n° 6, 2018, pp. 987-997.
PRÉSENTATION DES TRAVAUX COLLECTIFS
FORMULE DE LA SÉANCE
L’exposé collectif fait vingt minutes (à peu près exactement). Il est suivi de dix minutes (moins précisément) de discussion.
Il reprend des informations et doit aboutir à une prise de position et, plus précisément encore, à une proposition pour le suivi du phénomène à l’échelle européenne.
Il peut s’appuyer sur une présentation Power Point, ou tout autre type d’animation.
Les présentations seront suivies d’une discussion collective pour aboutir à une réponse collective à la question posée.
Quelques références (pour préparer les travaux) :
https://www.oecd-ilibrary.org/sites/9ae7e081-fr/index.html?itemId=/content/component/9ae7e081-fr
http://www.pourlasolidarite.eu/sites/default/files/publications/files/18.as_fracturenumerique.pdf
PRÉSENTATION DES TRAVAUX COLLECTIFS
FORMULE DE LA SÉANCE
L’exposé collectif fait vingt minutes (à peu près exactement). Il est suivi de dix minutes (moins précisément) de discussion.
Il reprend des informations et doit aboutir à une prise de position et, plus précisément encore, à une proposition pour le suivi du phénomène à l’échelle européenne.
Il peut s’appuyer sur une présentation Power Point, ou tout autre type d’animation.
Les présentations seront suivies d’une discussion collective pour aboutir à une réponse collective à la question posée.
PRÉSENTATION DES TRAVAUX COLLECTIFS
FORMULE DE LA SÉANCE
L’exposé collectif fait vingt minutes (à peu près exactement). Il est suivi de dix minutes (moins précisément) de discussion.
Il reprend des informations et doit aboutir à une prise de position et, plus précisément encore, à une proposition pour le suivi du phénomène à l’échelle européenne.
Il peut s’appuyer sur une présentation Power Point, ou tout autre type d’animation.
Les présentations seront suivies d’une discussion collective pour aboutir à une réponse collective à la question posée
Allez…. Quelques pistes….
Vous pouvez trouver quelques informations et idées ici :
http://eclairs.fr/9-les-classes-moyennes-celebrees-ou-sacrifiees/
Tiens, et puis ça :
https://www.alternatives-economiques.fr/classe-moyenne-tres-vulnerable-europe/00012707, sur cette source : https://www.ilo.org/paris/actualites/WCMS_538237/lang–fr/index.htm,
Et, surtout, ça (même si ça date) :
https://www.credoc.fr/download/pdf/Rech/C282.pdf
Et encore cela : http://ses.ens-lyon.fr/articles/les-classes-sociales-en-europe-entretien-avec-cedric-hugree
Et ça : https://www.eurofound.europa.eu/de/publications/blog/europes-shrinking-middle-class
Et encore – perspective intéressante (!) – ici : https://www.brookings.edu/blog/future-development/2018/03/22/is-there-a-middle-class-crisis-in-europe/ à voir aussi ici https://www.nytimes.com/2019/02/14/business/spain-europe-middle-class.html
Ceci, c’est pas mal : https://www.pewresearch.org/fact-tank/2017/04/24/7-key-findings-on-the-state-of-the-middle-class-in-western-europe/
Regardez les statistiques de l’OCDE….. Avec un rapport à voir absolument, même s’il sort la veille de l’exposé…. http://www.oecd.org/publications/under-pressure-the-squeezed-middle-class-689afed1-en.htm
PRÉSENTATION DES TRAVAUX COLLECTIFS
FORMULE DE LA SÉANCE
L’exposé collectif fait vingt minutes (à peu près exactement). Il est suivi de dix minutes (moins précisément) de discussion.
Il reprend des informations et doit aboutir à une prise de position et, plus précisément encore, à une proposition pour le suivi du phénomène à l’échelle européenne.
Il peut s’appuyer sur une présentation Power Point, ou tout autre type d’animation.
Les présentations seront suivies d’une discussion collective pour aboutir à une réponse collective à la question posée.
LISTES DES EXPOSÉS ET DISCUSSIONS
FORMULE DE LA SÉANCE
L’exposé fait dix minutes (à peu près exactement). Il est suivi de dix minutes (moins précisément) de discussion.
Il reprend des informations et doit aboutir à une prise de position.
Il peut s’appuyer sur une présentation Power Point, ou tout autre type d’animation.
L’ensemble des exposés sera suivi d’une discussion collective pour aboutir à une réponse collective à la question posée.
LISTES DES EXPOSÉS ET DISCUSSIONS
FORMULE DE LA SÉANCE
L’exposé fait dix minutes (à peu près exactement). Il est suivi de dix minutes (moins précisément) de discussion.
Il reprend des informations et doit aboutir à une prise de position.
Il peut s’appuyer sur une présentation Power Point, ou tout autre type d’animation.
L’ensemble des exposés sera suivi d’une discussion collective pour aboutir à une réponse collective à la question posée.
LISTES DES EXPOSÉS ET DISCUSSIONS
FORMULE DE LA SÉANCE
L’exposé fait dix minutes (à peu près exactement). Il est suivi de dix minutes (moins précisément) de discussion.
Il reprend des informations et doit aboutir à une prise de position.
Il peut s’appuyer sur une présentation Power Point, ou tout autre type d’animation.
L’ensemble des exposés sera suivi d’une discussion collective pour aboutir à une réponse collective à la question posée.
LISTES DES EXPOSÉS ET DISCUSSIONS
FORMULE DE LA SÉANCE
L’exposé fait dix minutes (à peu près exactement). Il est suivi de dix minutes (moins précisément) de discussion.
Il reprend des informations et doit aboutir à une prise de position.
Il peut s’appuyer sur une présentation Power Point, ou tout autre type d’animation.
L’ensemble des exposés sera suivi d’une discussion collective pour aboutir à une réponse collective à la question posée.
CONTENU
– Les diverses définitions et approches
– Les seuils et les opinions
– Les caractérisations en France et dans le monde
SUPPORT DE LA PRÉSENTATION EN COURS
DOCUMENTS ET SITES À VOIR
– Sur le site de l’observatoire des inégalités, voir la richesse selon les niveaux de vie https://www.inegalites.fr/A-quel-niveau-de-vie-est-on-riche et, plus généralement, la rubrique “hauts revenus”
https://www.inegalites.fr/Revenus-niveau-de-vie-patrimoine?id_mot=27&idrub=
– Une approche en gros tableau de bord : les nouveaux indicateurs de richesse publiés annuellement par le gouvernement. La livraison 2018.
– Pour approfondir, voir la base “world inequality database”
– Thomas Piketty, Les hauts revenus en France au XXe siècle. Inégalités et redistribution. 1901-1998, Paris, Grasset, 2001 (autre édition, 2014).
– Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle, Paris, Seuil, 2013 (édition poche, 2019).
– Thierry Pech, Le temps des riches. Anatomie d’une sécession, Paris, Seuil, 2011.
– Philippe Askenazy, Partager les richesses, Paris, Odile Jacob, 2019.
CONTENU
– Les diverses définitions et approches
– Les déterminations “ni ni”
– Les caractérisations en France, en Europe, dans le monde
SUPPORT DE LA PRÉSENTATION EN COURS
DOCUMENTS ET SITES À VOIR
– Une vidéo entretien sur la situation nationale et internationale des classes moyennes (Xerfi Canal, 10/2013)
– Pour approfondir, voir le cours plus complet sur “Les classes moyennes : célébrées ou sacrifiées ?”
CONTENU
– Les diverses définitions et approches
– Pauvreté monétaire et pauvreté en conditions de vie
– Pauvreté relative et pauvreté absolue
SUPPORT DE LA PRÉSENTATION EN COURS
DOCUMENTS ET SITES À VOIR
– Article de synthèse sur les mesures de la pauvreté (J. Damon, 2016)
– Pour approfondir, voir le cours plus complet sur “Les mesures de la pauvreté et les mesures contre la pauvreté”
– Une synthèse sur la pauvreté en France, dans “Sciences Humaines” (avril 2019)
CONTENU
– Premières approches de la pauvreté, de la richesse et des classes moyennes
– Quiz introductif
– Tableau essentiel
SUPPORT DE LA PRÉSENTATION EN COURS
DOCUMENTS ET SITES À VOIR
. Tout au long du cours, voir – principalement – l’excellent site de l’Observatoire des inégalités
. Voir, naturellement, le site de l’INSEE, notamment sur les revenus et le patrimoine des ménages.
. Voir, également, les sites de l’OCDE sur le Better life index, la comparaison interactive des situations, les données sur les inégalités de revenu
. Voir, encore, pour les comparaisons européennes, les données Eurostat, autour du socle européen des droits sociaux, sur les revenus et les conditions sociales, sur la stratégie Europe 2020.
POUR APPROFONDIR
Quelques ouvrages récents très notables, avec – en lien – une recension
Anthony Atkinson, Inequality. What can be done ?, Harvard University Press, 2015.
Angus Deaton, La grande évasion. Santé, richesse et origine des inégalités, PUF, 2016.
Branko Milanovic, Global Inequality. A New Approach for the Age of Globalization, Harvard University Press, 2016.
Martin Ravallion, The Economics of Poverty. History, Measurement, and Policy, Cornell University Press, 2016.
Hans Rosling, Factfulness, Sceptre, 2018.
TABLEAU QUI ACCOMPAGNERA TOUT LE COURS
Un socle universel de protection sociale
Sous un titre qui sonne comme un clin d’œil à Tintin, Martin Hirsch produit une analyse rigoureuse et des propositions vigoureuses afin de réaliser ce que bien des gens considèrent comme une douce utopie : un socle de protection sociale pour l’ensemble de personnes vivant sur la planète.
Julien Damon. julien.damon@sciences-po.fr
Martin Hirsch, Sécu : objectif monde. Le défi universel de la protection sociale, Paris, Stock, 2011, 159 pages, 12 €.
Tel Tintin, on retrouve l’ex-Haut Commissaire aux solidarités actives au Bénin, à Sao Paulo, à Genève, à Pékin, à Pretoria, à Delhi ou encore, pour finir, à Roubaix. L’aventure est cependant toujours la même : observer les différences et convergences des modèles de protection sociale, prendre en compte les avancées et surmonter les fossés. Membre du groupe consultatif mondial sur le « socle de protection sociale » – une initiative très officielle des agences onusiennes – Hirsch rappelle d’abord que 75 % des êtres humains n’ont pas accès à une protection sociale « digne de ce nom ». Il observe aussi une involution dans les pays riches (où la protection sociale est attaquée pour son principe, son contenu et/ou ses déficits) et une évolution dans les pays pauvres (où les systèmes naissants se renforcent notamment à partir d’expérimentations).
Une utopie réaliste
Dans ce contexte, qui est aussi celui d’une mondialisation critiquée et d’une crise chaotique, la thèse hirschienne est forte. Plutôt que de s’acharner à faire baisser les coûts du travail dans les pays riches, il faut les faire augmenter dans les pays pauvres afin de financer la couverture sociale de la population. L’ambition est de refaire de la protection sociale un atout compétitif. Plutôt que d’incarner son socle de manière restrictive (un plancher minimal) ou extensive (avec un panier irréaliste de services), Hirsch souligne « d’immenses différences, d’étranges ressemblances », par exemple entre les allocations familiales à la française et les mécanismes de transferts monétaires conditionnels mis en œuvre dans nombre de pays en développement. L’auteur fait siennes les analyses, au demeurant peu contestées, selon lesquelles les investissements dans le social (et, en l’occurrence, dans la prévention sanitaire et l’assurance maladie) sont rentables. Il relève que sans corruption, la question du financement n’en serait pas vraiment une dans bien des pays. Pour le reste, il est possible d’innover et pourquoi pas en imposant de nouvelles normes sociales internationales. Le socle pourrait ne représenter dans chacun des pays « que » 5 % de son PIB.
Une discussion à venir pour le G20
Tout ce propos, avec quelques répétitions, est avancé pour une discussion sérieuse, au plus haut niveau, lors du sommet du G20, sous présidence française, en novembre prochain. Dans la suite des Objectifs du millénaire pour le développement (qui courent pour 2000-2015), Hirsch invite, en particulier, à se fixer un objectif de 75 % de la population mondiale convenablement couverte d’ici 2030. Irréaliste, comme le disent les sceptiques ? Au regard de l’histoire de la protection sociale des pays riches tout comme du plaidoyer étayé de Hirsch, le possible semble tenable.
Extraits
« Le socle de protection sociale, davantage qu’un catalogue de prestations sociales, peut être conçu de manière pertinente comme un ensemble de valeurs et de principes universels ».
« L’Occident est devenu riche avant de devenir vieux. La planète va devenir vieille avant d’être riche ».
« Pourquoi ne pas passer de 75 % de la population mondiale sans protection à 75 % de la population mondiale protégée d’ici 2030 ?».
Le Monde.fr | • Mis à jour le
Plus de 5 millions de Français sont privés d’emploi mais 8,5 millions vivent sous le seuil de pauvreté. Si l’on ajoute qu’en 2012, 25% des personnes sans domicile fixe travaillaient, il apparaît clairement que l’emploi seul ne protège pas toujours de la précarité. Il n’est plus forcément synonyme de promotion sociale : le risque de pauvreté se transmet largement des parents aux enfants, alimentant la peur d’un déclassement durable et bafouant cette notion d’égalité des chances à laquelle nous sommes si attachés.
Dans ce contexte, la maîtrise nécessaire des déficits et de l’endettement public de notre pays ne peut se faire au détriment des plus fragiles, c’est-à-dire des politiques de redistribution sociale et de lutte contre la reproduction des inégalités.
Acteurs de la solidarité, du développement économique, chercheurs, citoyens, nous pensons que l’emploi et la croissance ne suffisent pas à faire disparaître les fléaux qui étouffent notre société : la pauvreté, les inégalités et la stigmatisation des plus fragiles.
C’est pourquoi, nous vous demandons, Monsieur le président de la République, dans le prolongement du plan quinquennal de lutte contre la pauvreté adopté début 2013, et à l’occasion du débat budgétaire, de prendre des mesures ciblées à destination des personnes en situation de pauvreté dans le cadre des politiques de soutien à l’activité que vous mettez en œuvre actuellement.
La mobilisation pour l’emploi doit profiter aux personnes qui en sont les plus éloignées. À votre initiative et sur proposition du collectif Alerte, la lutte contre le chômage de longue durée est devenue une grande cause nationale.
Il est temps que l’État et les partenaires sociaux s’accordent sur des mesures de bon sens : la réorientation d’une partie des crédits de la formation professionnelle en faveur des publics les plus éloignés de l’emploi et l’engagement par les entreprises de pratiques concrètes de recrutement, d’immersion, de tutorat ouvertes à des personnes exclues depuis trop longtemps du marché du travail.
Pour que l’emploi permette de sortir de la pauvreté, il est capital que la fusion annoncée du RSA activité et de la prime pour l’emploi se traduise par une aide simple, versée dès le premier euro gagné, dès 18 ans et d’un montant significatif pour les plus modestes. Il faut garantir, dans la loi de finances 2015, qu’aucun des allocataires actuels en situation de pauvreté ne perde de ressources avec cette fusion.
À cette condition, la politique de soutien au pouvoir d’achat enclenchée par le gouvernement aura un impact sur la pauvreté au travail et donc sur la croissance. Autre enjeu de taille pour un retour à la croissance : la relance de la construction qui doit profiter en priorité au 3,5 millions de mal logés.
Le Collectif des associations unies demande depuis plusieurs années une loi de programmation pluriannuelle de logements locatifs très sociaux, la revalorisation significative des aides à la pierre dédiée à la construction sociale et l’accélération de la mobilisation du foncier public.
Il faut mettre fin à la gestion saisonnière de la grande exclusion en proposant des solutions d’hébergement ou de logement dignes aux 140 000 personnes sans domicile, dont le nombre progresse chaque année. Devant l’ampleur de la crise du logement, il faut prévenir les expulsions locatives qui menacent chaque année plus de 40 000 ménages, en revalorisant dans le budget 2015 les aides au logement et en régulant les excès du marché immobilier, en particulier dans les zones tendues où les prix sont bien souvent exorbitants.
Enfin, l’accès et le maintien au logement de tous doivent être garantis par l’instauration d’une couverture logement universelle. L’accès de tous à la santé est également un puissant facteur de lutte contre les inégalités et de compétitivité. Dans le cadre du projet de loi relatif à la santé, le gouvernement aurait l’occasion de donner une nouvelle impulsion aux politiques de prévention, de promotion de la santé et de lutte contre le non recours aux soins des personnes en difficulté.
Nous vous demandons dans ce sens, de simplifier l’accès à la CMU-C et à l’Aide à la complémentaire santé en rendant leur obtention automatique pour les bénéficiaires des minima sociaux et de l’allocation de solidarité aux personnes âgées. Pour permettre aux étrangers malades sans ressources de se soigner dans la dignité et sans stigmatisation, il faut également fusionner la CMU et l’Aide médicale d’État.
Ces mesures sont autant de moyens de concilier des objectifs de croissance économique et de développement humain. Il est temps d’investir dans le social, d’investir dans la société. S’attaquer aux inégalités dès le plus jeune âge en favorisant l’accès à l’éducation et à la culture des enfants des familles modestes, permettrait de soutenir l’élévation du niveau de qualification de la population, donc la compétitivité du pays.
La création de modes de garde collectifs d’enfants en bas âge, intégrant des actions d’éveil et d’apprentissage, créerait des emplois tout en facilitant l’accès au travail des parents, notamment des femmes.
Le plan pauvreté avait prévu pour les familles modestes des mesures dans ce sens, mettons les en œuvre. Ce plan donnerait un signal fort : la France ne se résigne pas, elle n’abandonne pas ses idéaux de justice et de progrès social et croit toujours en une société unie contre la désespérance sociale.
CONTENU
– Les approches internationales de la pauvreté
– Les instruments discutés du développement
DOCUMENTS À VOIR
SITOGRAPHIE RECOMMANDÉE
– Poor Economics – site accompagnant l’ouvrage de E. Duflo
– Le PNUD
– Les indicateurs OMD
– Les indicateurs PNUD
– L’Observatoire du BOP
– Des idées et analyses de l’AFP sur les ODD et OMD
BIBLIOGRAPHIE COMPLÉMENTAIRE
Abhijit V. Banerjee, Esther Duflo, Poor Economics. A Radical Rethinking of the Way to Fight Global Poverty, New York, Public Affairs, 2011.
Laurence Chandy, Hiroshi Kato, and Homi Kharas, The last mile in ending extreme poverty, Washington, Brookings Institution Press, 2015. Premier chapitre : ICI
Paul Collier. The Bottom Billion. Why the Poorest Countries Are Failing and What Can be Done About it, Oxford, Oxford University Press, 2007
Patrice Dufour, « La Banque mondiale et la lutte contre la pauvreté », Les Cahiers français, n° 302, 2001, pp. 56-65.
William Easterly (dir.), Reinventing Foreign Aid, Cambridge, MIT Press, 2008.
William Easterly, The Tyranny of Experts. Economists, Dictators, and the Forgotten Rights of the Poor, Basic Book, 2013.
Morten Jerven, Poor Numbers. How we are Misled by African Development Statistics and What to Do about It, Cornell University Press, 2013.
Jean Labbens, Sociologie de la pauvreté, Le tiers-monde et le quart-monde, Paris, Gallimard, 1978.
Martin Ravallion, Gaurav Datt, Dominique van de Walle, « Quantifying Absolute Poverty in the Developping World », Review of Income and Wealth, n° 37, 1991
Martin Ravallion, Shaohua Chen, Prem Sangraula, « Dollar a day Revisited », Policy Research Working Paper, n° 4620, Banque mondiale, 2008.
Gilbert Rist, Le développement. Histoire d’une croyance occidentale, Paris, Presses de Sciences Po, 3ème éd., 2007.
Jeffrey Sachs, The End of Poverty. How we Can Make it Happen in our Lifetime, Londres, Penguin Books, 2005.
Jean-Michel Séverino, Olivier Ray, Le grand basculement. La question sociale à l’échelle mondiale, Paris, Odile Jacob, 2011.
Shahid Yusuf, Development Economics through the Decades. A Critical Look at 30 Years of the World Development Report, Washington, The World Bank, 2008.
RECENSION DATANT DE 2007
Alberto Alesina, Edward L. Glaeser, Fighting poverty in the US and Europe. A world of difference, Oxford, Oxford University Press, 2004, 250 pages.
Deux économistes de Harvard s’intéressent aux différences transatlantiques en matière de lutte contre la pauvreté[1]. Dans cette intéressante revue des théories et des faits, ils rappellent d’abord qu’aux Etats-Unis les dépenses publiques représentent 30 % du PIB, contre 45 % en Europe continentale et plus de 50 % dans les pays scandinaves. Près des deux tiers de cet écart sont imputables aux politiques sociales.
Un monde de différences
Les Etats européens interviennent plus en direction des pauvres, leurs systèmes sociaux sont plus redistributifs, la progressivité de l’impôt y est plus affirmée. Au niveau des opinions, 60 % des Américains, contre seulement 26 % des Européens, pensent que les pauvres sont fainéants.
Les considérations économiques ne permettent pas d’aller bien loin pour expliquer ce « monde de différences ». Il semblerait « naturel » que là où les inégalités avant transferts sociaux sont les plus importantes, le niveau de redistribution soit le plus élevé. Or les Etats-Unis connaissent un niveau d’inégalités considérablement plus élevé aussi bien avant qu’après transferts. Une variante de cette théorie est de considérer que la société américaine serait plus mobile socialement et donc, sur le moyen et le long terme, plus égalitaire (les riches d’aujourd’hui étant les pauvres de demain, et vice-versa). Selon cette variante les pauvres américains pourraient plus facilement sortir de la pauvreté et il serait donc moins nécessaire d’intervenir publiquement pour les aider.
Encadré
Les données barométriques (issues d’enquêtes répétées dans le temps) et comparatives (situant la France dans un contexte international) informent du niveau particulièrement élevé de la crainte de l’exclusion et de la pauvreté en France.
Une série d’enquêtes menée par l’institut CSA depuis octobre 1993 montre que depuis une quinzaine d’années, plus d’un Français sur deux craint de devenir un jour un « exclu ».
Plus de la moitié des Français craignent de devenir des « exclus » (en %)
Vous arrive-t-il ou pas d’avoir peur de devenir vous même un exclu ? | Octobre
1993
|
Septembre 1995
|
Septembre 1996
|
Février
1998
|
Février
2002
|
Mai
2004
|
OUI | 55 | 53 | 53 | 57 | 55 | 55 |
NON | 43 | 46 | 46 | 43 | 45 | 44 |
NSP | 2 | 1 | 1 | – | – | 1 |
Total | 100 | 100 | 100 | 100 | 100 | 100 |
Source : Baromètre CSA/La Croix/FNARS
Un sondage BVA/Emmaüs publié en décembre 2006, a indiqué que 48 % des personnes interrogées pensaient même pouvoir devenir un jour sans-abri. Dans la même enquête répétée en novembre 2007, ce sont encore 47 % des Français qui redoutent de devenir un jour sans-abri.
Il y a là l’expression d’une crainte profonde des Français, pour eux-mêmes ou pour leurs proches, à l’égard du déclassement. Cette crainte est à apprécier dans le contexte européen. Deux enquêtes Eurobaromètre, l’une de 2006 sur « la réalité sociale » en Europe, l’autre sur l’exclusion, publiée en septembre 2007, confirment pleinement les résultats. Les Français sont les premiers à craindre la pauvreté, et les troisièmes en ce qui concerne la crainte de devenir un jour sans-abri. Ainsi 86 % des Français considèrent qu’« il peut arriver à n’importe qui de tomber dans la pauvreté au cours de sa vie ». Ce n’est le cas, en moyenne, que de 62 % des habitants de l’Union. Surtout, c’est le cas de moins de la moitié des Suédois, mais également d’une minorité de Lituaniens, de Tchèques, ou de Maltais. Au sujet du risque de devenir un jour sans-abri, 13 % des Français – dans cette enquête comparative européenne – affirment leur crainte. Seuls deux pays baltes affichent plus de peur.
—————- FIN DE l’ENCADRE —————-
Les Américains croient fermement que leur société est mobile. 71 % des Américains pensent d’ailleurs que les pauvres pourraient s’en sortir eux-mêmes s’ils travaillaient suffisamment. Les Européens ne sont que 40 % dans ce cas. Mais à observer sérieusement la mobilité sociale, il apparaît en réalité plus de similitudes que de divergences. La mobilité sociale des pauvres (ici les 20 % les moins favorisés) est même plus faible aux Etats-Unis.
Une autre explication « économique » est que les Américains seraient moins altruistes. Ceci ne se vérifie absolument pas. Sur le plan de la charité privée, les Américains sont bien plus généreux que les Européens ce qui n’est pas, selon les auteurs, fondamentalement liés aux incitations fiscales dont ils peuvent bénéficier. Les Américains seraient plus soucieux de passer par ces canaux privés de redistribution car ils permettent de sélectionner les bénéficiaires et ainsi d’aider ceux qui sont jugés légitimes, méritants et, au fond, ressemblants, c’est-à-dire ceux qui sont de la même origine.
Expliquer ces différences
Puisque que les explications économiques ne fonctionnent pas, Alesina et Glaeser passent à l’analyse des institutions politiques. Les pays européens se caractérisent par des systèmes représentatifs proportionnels relativement neufs, à la différence des Etats-Unis qui reposent depuis longtemps sur un système majoritaire. La proportionnelle permet l’émergence de mouvements de gauche plus favorables à la redistribution, ce que le système majoritaire peut freiner. Les auteurs voient là une explication fondamentale à la non-implantation du socialisme aux Etats-Unis, apportant ainsi un élément au problème de l’« exception américaine » qui mobilise la sociologie politique, de Werner Sombart à Seymour Martin Lipset en passant par Engels.
Le système proportionnel a pu, récemment, se développer dans des nations homogènes. Aux Etats-Unis, où les institutions sont d’une remarquable stabilité, la majorité WASP s’en est toujours méfiée car elle conduit à une représentation croissante, et donc à un plus grand pouvoir, des minorités (au premier rang desquelles, historiquement, les Noirs).
La nature fédérale de la Constitution américaine ne favorise pas non plus les politiques redistributives. Un niveau élevé de décentralisation s’oppose en effet à un rôle important de l’Etat central, notamment pour taxer des riches qui se trouvent à un endroit, en faveur de pauvres localisés à un autre.
Pour les auteurs, à côté des institutions politiques, la principale raison des écarts de niveau de générosité des systèmes de redistribution est la fragmentation de la société américaine. Il est toujours plus facile de convaincre aux Etats-Unis un Blanc de la classe moyenne que les pauvres sont « différents » (lire « noirs ») qu’en Europe, en particulier dans les pays du Nord. Un vaste ensemble d’études montre que les gens sont plus généreux à l’endroit de membres de leur groupe. Les clivages raciaux limitent dès lors les possibilités de redistribution. Au sein même des Etats-Unis, les villes où les prestations sociales sont les plus faibles sont celles où les communautés sont les plus fragmentées.
L’ouvrage pourra surprendre, voire choquer, le lecteur non au fait des approches américaines. Les auteurs calculent des indices de fractionnement religieux, racial et ethnique, avec des définitions bien difficilement importables. Leur indice de fractionnement racial souligne en tout cas l’extrême particularité américaine. Il est de 0,49 aux Etats-Unis, de 0,02 en Italie, 0,05 en Suède, 0,1 en France.
Sans grands égards pour Max Weber, Alesina et Glaeser notent une aversion au risque plus forte chez les Catholiques que chez les Protestants mais ils n’en tirent pas véritablement de conclusion. Revenant à des fondamentaux, ils mettent l’accent sur la géographie. La population américaine, plus mobile physiquement sur un espace plus étendu, s’oppose en bien des aspects à une population européenne plus dense, plus homogène, répartie sur un espace plus restreint.
Intéressés également par les aspects idéologiques des politiques, Alesina et Glaeser considèrent que ces dissimilitudes géographiques, institutionnelles et démographiques ont permis le maintien de la droite aux Etats-Unis et les progrès de la gauche en Europe. Sans prise de position, ils considèrent que chaque camp à quelque chose à apprendre de l’autre (l’affirmer ne mange pas de pain).
Selon nos deux experts, la France se distingue tout de même par une trop grande protection octroyée aux inclus (les fonctionnaires notamment). Appelant à un ciblage accru sur les « vrais » pauvres, ils assènent que la protection sociale ne doit plus reposer sur les compromis keynésiens. Elle devrait, simplement, passer par une diminution des dépenses publiques, ceci afin de libérer les énergies et de soutenir la croissance, ce qui, en retour, ferait diminuer le nombre de pauvres.
Cette argumentation, qui sera dite « libérale », est portée avec vigueur. La découvrir c’est prendre conscience de la divergence des regards sur ce qui fonde, oriente et peut-être compromet l’intégration sociale dans des contextes à bien des titres distants. On ne pourra que prendre connaissance avec intérêt de ce regard désenchanté sur les modèles sociaux européens, sur l’ampleur des dissemblances idéologiques entre les États-Unis et l’Europe, et sur l’animosité qui peut orienter les discussions transatlantiques[2].
Il y a beaucoup à discuter dans cet ouvrage qui évoque la place de la Cour Suprême américaine comme « obstacle majeur à des politiques progressistes », qui considère que les croyances erronées sont « façonnées » par de l’« endoctrinement » ou bien encore qui signale des erreurs d’appréciation de Tocqueville sur la mobilité sociale en Amérique. Il n’en constitue pas moins un apport notable, montrant très clairement les profondes racines culturelles et institutionnelles qui distinguent Américains et Européens dans leurs approches de la pauvreté, et plus généralement de la société.
L’implication du raisonnement de Alesina et de Glaeser est qu’une Europe où l’hétérogénéité progresse, est aussi une Europe où l’Etat-providence est plus vivement critiqué et attaqué. Les succès politiques des mouvements populistes et nationalistes l’illustrent. Il y a là un immense enjeu pour une Union Européenne qui s’élargit et qui devient donc de plus en plus étendue et composite[3].
—————- FIN DE l’ENCADRE —————-
[1]. L’ouvrage a été traduit sous le titre Combattre les inégalités et la pauvreté. Les Etats-Unis face à l’Europe, Paris, Flammarion, 2006.
[2]. Relevons que le secrétaire général de l’OCDE, sans les accents excessifs de Alesina et Glaeser, va globalement dans leur sens. Sans réforme de son marché du travail et de son appareil productif, l’Europe serait « en danger ». « L’Europe a les cartes en main pour réduire l’écart, mais si elle ne le fait pas, ce sera à ses risques et périls », a mis en garde Angel Gurria dans les colonnes du Financial Times (24 mars 2008).
[3]. En refort de la thèse d’Alesina et Glaeser vient l’article aux conclusions tonitruantes de Robert Putnam, « E Pluribus Unum Diversity and Community in the 21st Century », Scandinavian Political Studies, vol. 30, n° 2°, 2007, pp. 137-174. Le spécialiste du capital social, citant d’ailleurs les travaux de Alesina et Glaeser, y fait état de constats accablants sur les méfaits de la diversité et de l’immigration pour la cohésion sociale, au moins à court terme.
Rencontre avec Christelle Dubos
secrétaire d’État auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé
On abordera notamment les actualités de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté
CONTENU
– Présentation et discussion de la place des associations
– Table-ronde de responsables associatifs
DOCUMENTS À VOIR
Site officiel sur les associations
Une tribune des grandes associations françaises appelant à un investissement renforcé contre la pauvreté (octobre 2014)
Les Français et les associations (baromètre TNS, 7ème vague, 2014)
La confiance, les associations, les dons (2018)
La générosité des Français (2017)
Rapport 2014 du Secours Catholique sur la pauvreté
Rapport 2016 du Secours Catholique sur la pauvreté
Rapport 2018 du Secours Catholique sur la pauvreté
L’économie sociale en France (INSEE, 2014)
Le travail salarié associatif (Mathieu Hély)
Le collectif “ALERTE” des associations contre l’exclusion : voir ICI
PARTICIPANTS À LA TABLE-RONDE
– Delphine Bonjour ( Secours Catholique)
– Alexis Goursolas (fédération des acteurs de la solidarité)
– Bruno Tardieu (ATD Quart Monde)
CONTENU
– Les contours d’une population et d’un problème public
– Description et mesure de l’efficacité des politiques
DOCUMENTS À VOIR
Document de base avec graphiques et données
Les sans-domicile en 2012 (INSEE, 2013)
Synthèse statistique – discutable (INSEE)
L’enquête INSEE et son histoire (excellente synthèse sur l’expertise traitant des SDF – M. Marpsat, 2008).
« ‘Désocialisés’ et ‘désaffiliés’. Remarques à partir du cas des SDF » – J. Damon, 2003.
Compter les SDF (J. Damon, 2014)
Portrait des sans-domicile en 2012 (INSEE, 2014)
Les campements de migrants sans-abri (note J. Damon, 2019)
BIBLIOGRAPHIE COMPLÉMENTAIRE
Bronislaw Geremek, La potence ou la pitié. L’Europe et les pauvres du Moyen-Age à nos jours, Paris, Gallimard, 1978.
Brendan O’Flaherty, Making Room. Economics of Homelessness, Cambridge, Harvard University Press, 1996.
DOCUMENTS JOINTS
CONTENU
– Approches par les équipements et par les usages
– Dispositifs et politiques de résorption
DOCUMENTS À VOIR
– Les compétences numériques en France en 2019 (INSEE)
– L’usage des TIC par les ménages entre 2009 et 2019 (INSEE)
– Sommet OCDE sur les fractures numériques
DOCUMENTS COMPLÉMENTAIRES
– The Digital Economy and Society Index (DESI)
– Rapport OCDE sur le digital
– Rapport “pour la solidarité” sur la fracture numérique
CONTENU
– Les liaisons entre urbanisation et pauvreté
– L’extension des bidonvilles dans le monde, le retour des bidonvilles en Europe
DOCUMENTS À VOIR
La pauvreté urbaine (Article J. Damon, Questions de communication, 2014)
La pauvreté urbaine : “palmarès” des 100 plus grandes villes françaises en 2009 (Compass, 2012)
Article sur l’urbanisation en perspective positive (J. Damon, Études)
Synthèse de “Triumph of the City” (E. Glaeser)
Villes, périurbain, rural en France (Centre d’observation de la société, 2014)
France : où vivent les pauvres ? (Centre d’observation de la société, 2014)
Les campements de migrants sans-abri (note J. Damon, 2019)
SITOGRAPHIE RECOMMANDÉE
– UN-Habitat
– Les indicateurs PNUD
– ONZUS
– Politique régionale
DOCUMENTS COMPLÉMENTAIRES
La pauvreté urbaine (Martin Ravalion, 2007)
Jean-Pierre Sueur (dir.), Ville du futur, futur des villes. Quel avenir pour les villes du monde ?, Rapport d’information du Sénat, 2011.
« The Economics of Slums in the Developing World », Journal of Economic Perspectives, 2013
Un rapport McKinsey (2014) sur le logement abordable, dans le monde
BIBLIOGRAPHIE COMPLÉMENTAIRE
Davezies L., 2012, La crise qui vient. La nouvelle fracture territoriale, Paris, Seuil.
Davis M., 2006, Le pire des mondes possible. De l’explosion urbaine au bidonville global, Paris, La Découverte.
Denis É, 2009, « Les sources récentes de l’observation foncière urbaine dans les pays en développement. Vers l’harmonisation et la transparence ? », Etudes foncières, n° 139, pp. 33-36.
Dumont G.-F., 2011, Géographie urbaine de l’exclusion. Dans les grandes métropoles régionales françaises, Paris, l’Harmattan.
Gilbert A., 2007, « The Return of the Slum. Does language Matter ? », International Journal of Urban and Regional Research, vol. 31, n° 4, pp. 697-713.
Glaeser E., 2011, Triumph Of The city. How our Greatest Invention Make Us Richer, Smarter, Greener, Healthier, and Happier, New York, Penguin Press.
Guilluy C., 2010, Fractures françaises, Paris, François Bourin.
Martine G., McGranahan G., Montgomery M., Frenandez-Castilla R., dirs, 2008, The New Global Frontier. Urbanization, Poverty and Environment in the 21st Century, Londres, Earthscan.
López Moreno E., Warah R., 2006, « Le Rapport 2006-2007 sur l’état des villes dans le monde. Tendances urbaines et bidonvilles au XXIème siècle », Chronique ONU, vol. XLIII, n° 2.
Ravallion M., Chen S., Sangraula P., 2007, « New Evidence on the Urbanization of Global Poverty », Population and Development Review, vol. 33, n° 4, pp. 667-701.
Ravallion M., Chen S., Sangraula P., 2008, « Dollar a day Revisited », World Bank, Policy Research Working Paper, n° 4620.
CONTENU
– Diversité des interventions
– Les minima sociaux et la question du revenu universel
DOCUMENTS À VOIR
Diane Roman, Le droit public face à la pauvreté, Paris, LGDJ, 2002.
Du RMI au RSA en passant par le RMA (Article J.Damon, 2009)
Du RMI au RSA, heurs et malheurs des politiques actives d’insertion (J. Damon, 2016)
Plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté (gouvernement français, 2013)
Données sur les minima sociaux (DREES)
Les minima sociaux en 2012
Les bénéficiaires des minima sociaux en 2013
Rapport Penser l’assistance (ONPES, 2013)
Les minima sociaux d’insertion (INSEE, 2014)
Mieux lutter contre la pauvreté par les aides monétaires (CAE, 2017)
Prévenir la pauvreté par l’emploi, l’éducation et la mobilité (CAE, 2017)
LE REVENU UNIVERSEL “POUR DE VRAI” (J. Damon, 2017)
L’aide sociale en France, 2017
RU : LA THÈSE VAN PARIJS & VANDERBORGHT EN UNE PAGE (2019)
SITOGRAPHIE RECOMMANDÉE
– Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE)
– Collectif associatif “ALERTE”
BIBLIOGRAPHIE COMPLÉMENTAIRE
Serge Audier, La pensée solidariste. Aux sources du modèle républicain français, Paris, PUF, 2010.
Michel Borgetto, Robert Lafore, Droit de l’aide et de l’action sociales, Paris, Montchrestien (la plus récente édition).
Michel Borgetto, « Ce ‘risque’ que la Sécurité sociale n’avait pas prévu », Sociétal, n° 39, 2003, pp. 75-80.
Denis Clerc, La France des travailleurs pauvres, Paris, Grasset, 2008.
Julien Damon, « Les fondements du ‘Grenelle de l’insertion’ », Revue de droit sanitaire et social, vol. 44, n° 6, 2008, pp. 1110-1123.
Jacques Fournier, Nicole Questiaux, Le traité du social, Paris, Dalloz, 1976 ; Le pouvoir du social, Paris, PUF, 1979.
Martin Hirsch (dir.), Au possible nous sommes tenus. La nouvelle équation sociale, Paris, La Documentation française, 2005.
Robert Lafore, « La prise en charge des ‘personnes les plus démunies’ », Revue de droit sanitaire et social, n° 6, 2007, pp. 979-987.
Robert Lafore, « Penser l’exclusion. Le point aveugle de la protection sociale », Informations sociales, n° 142, 2007, pp. 26-37.
Robert Lafore, « La pauvreté saisie par le droit », Revue de droit sanitaire et social, vol. 43, n° 6, 2007, pp. 979-987.
Dominique Schnapper, La démocratie providentielle. Essai sur l’égalité contemporaine, Paris, Gallimard, 2002.
Lionel Stoléru, Vaincre la pauvreté dans les pays riches, Paris, Flammarion, 1974.
Yannick Vaugrenard, Comment enrayer le cycle de la pauvreté ?, Rapport sénatorial, 2014.
CONTENU
– Les approches internationales de la pauvreté
– Les instruments discutés du développement
DOCUMENTS À VOIR
DOCUMENTS COMPLÉMENTAIRES
Les Nation Unies et les OMD (J. Damon, 2011)
BIBLIOGRAPHIE SUGGÉRÉE
Jeffrey Sachs, The End of Poverty. How we Can Make it Happen in our Lifetime, Londres, Penguin Books, 2005.
William Easterly (dir.), Reinventing Foreign Aid, Cambridge, MIT Press, 2008.
Abhijit V. Banerjee, Esther Duflo, Poor Economics. A Radical Rethinking of the Way to Fight Global Poverty, New York, Public Affairs, 2011. www.pooreconomics.com
CONTENU
– Mesurer la pauvreté dans l’Union
– Réduire ou éradiquer la pauvreté dans l’Union
DOCUMENTS À VOIR
Risque de pauvreté et d’exclusion sociale en 2016 (2018)
Progrès de l’Union vers les objectifs UE 2020 (2017)
Monitoring social inclusion in Europe (2017 edition)
Rapport OXFAM : une Europe au service de la majorité (2015)
Etat des lieux (INSEE, 2014)
Protection sociale et inclusion sociale (site de la Commission)
La politique européenne de cohésion (2014-2020). Note J. Damon
Note sur les mesures de la pauvreté dans la stratégie UE 2020
Analyse critique des récents indicateurs européens (INSEE, 2014)
Impact de la crise sur la pauvreté en Europe (Observatoire des inégalités, 2014)
Au-delà du PIB et du taux de pauvreté…
Putting the fight against poverty and social exclusion at the heart of the EU agenda (octobre 2014)
SITOGRAPHIE RECOMMANDÉE
– Eurostat, statistiques sur le revenu, l’inclusion sociale et les conditions de vie (essentiel)
– Les données de suivi de la stratégie UE 2020
– Eurobaromètre (pour les opinions)
– European Social Survey (pour les opinions)
– Luxembourg Income Study (LIS) avec des données européennes et mondiales
BIBLIOGRAPHIE COMPLÉMENTAIRE
Anthony Atkinson, Bea Cantillon, Eric Marlier, Brian Nolan, Social Indicators. The EU and Social Inclusion, Oxford Oxford University Press, 2002.
Emmanuelle Boulineau, Emmanuelle Bonerandi-Richard (dir.), La pauvreté en Europe. Une approche géographique, Rennes, PUR, 2014.
Jane Bennett, Edwards James, Graham Room, Philippa Watson, Europe against Poverty. The European Poverty Program : 1975-1980, Londres, Bedford Square Press, 1982.
Laurent Caussat, Michèle Lelièvre, « Les indicateurs européens de cohésion sociale », Etudes et Résultats, n° 549, 2007. ICI
Renaud Dehousse (dir.) L’Europe sans Bruxelles ? Une analyse de la méthode ouverte de coordination, Paris, L’Harmattan, 2004.
Commission Européenne, Combating poverty and social exclusion. A statistical portrait of the European Union 2010, Luxembourg, Publications Office of the European Union, 2010 : ICI
François Denord, Antoine Schwartz, L’Europe sociale n’aura pas lieu, Paris, Raisons d’agir, 2009.
Bronislaw Geremek, La potence ou la pitié. L’Europe et les pauvres du Moyen Age à nos jours, Paris, Gallimard, 1987 (UN CLASSIQUE).
Etienne Grass, L’Europe sociale, Paris, La Documentation française, 2013.
Noëlle Mariller, « L’action de la communauté économique européenne », in Alain Fracassi, Marie-France Marquès, Jacques Walter (dir.), La pauvreté, une approche plurielle, Paris, ESF, 1985, pp. 88-103.
Eric Marlier, A. B. Atkinson, Bea Cantillon, Brian Nolan, The EU and Social Inclusion. Facing the Challenges, Bristol, Policy Press, 2006.
Antoine Saint-Denis, « L’inclusion sociale, une valeur européenne », Regards, n° 34, 2008, pp. 137-145.
CONTENU
– Les mesures américaines de la pauvreté
– La « guerre contre la pauvreté », ses effets, ses succès, ses limites
DOCUMENTS À VOIR
Une infographie de synthèse
Alberto Alesina, Edward L. Glaeser, Fighting poverty in the US and Europe. A world of difference. Recension : ICI
Income, Poverty and Health Insurance Coverage in the U.S.: 2019 (Census Bureau, 2020)
Income, Poverty and Health Insurance Coverage in the U.S.: 2018 (Census Bureau, 2019)
Income, Poverty and Health Insurance Coverage in the U.S.: 2017 (Census Bureau, 2018)
Income, Poverty and Health Insurance Coverage in the U.S.: 2016 (Census Bureau, 2017)
Income, Poverty and Health Insurance Coverage in the U.S.: 2015 (Census Bureau, 2016)
The Poverty and Inequality Election (Dossier Stanford Center on Poverty and Inequality, 2016)
Sillicon Valley, l’envers du décor (Les Echos, 5/9/16)
DOCUMENTS COMPLÉMENTAIRES
Un débat entre Charles Murray et Timothy Smeeding (avec Isabelle Sawhill) sur inégalités sociales et mobilité sociale
Une analyse des logiques de discrimination positive et d’affirmative action
Un dossier sur l’analyse de la pauvreté et l’action associative aux Etats-Unis
Une histoire de l’action fédérale
Rapport (2014) à la Maison Blanche sur les 50 ans de guerre contre la pauvreté
Une analyse conservatrice (The Heritage Foundation) sur ces 50 ans de guerre contre la pauvreté
Une analyse mesurée de la guerre contre la pauvreté
Concentration et périurbanisation de la pauvreté
La pauvreté américaine en cinq dimensions (Brookings, 2016)
La pauvreté américaine à 2$ a day
Recension par C. Jencks d’un ouvrage sur la pauvreté américaine à 2$ a day
De nouvelles politiques (Hamilton project)
Inégalités, pauvreté et mobilité sociale aux États-Unis (Trésor Éco, 2015)
INTRODUCTION AU DÉBAT SUR L’IMPÔT NÉGATIF
Un site français militant pour l’allocation universelle
Site du Basic Income Earth Network (BIEN)
Une recension (Les Échos) sur le revenu universel
Les éléments du débat (2014)
Article de synthèse (J. Damon, RDSS, 2016)
SITOGRAPHIE RECOMMANDÉE
– Le bureau du Census sur la pauvreté (essentiel)
– Le Pew Research Center et la pauvreté
– U.S. Department of Health & Human Services et la pauvreté
– La Brookings et la pauvreté
– Le Center on Budget and Policy Priorities et la pauvreté– Un exercice “what if…” par le PRB
BIBLIOGRAPHIE COMPLÉMENTAIRE
Maria Cancian, Sheldon Danziger (dir.), Changing Poverty, Changing Policies, New York, Russel Sage Foundation, 2009.
Élisa Chelle, Gouverner les pauvres. Politiques sociales et administration du mérite, Rennes, PUR, 2012.
Jean-Marie Chevalier, La pauvreté aux Etats-Unis, Paris, PUF, 1971.
Nicolas Herpin, « L’urban underclass chez les sociologues américains. Exclusion sociale et pauvreté », Revue française de sociologie, vol. 34, n° 3, 1993. pp. 421-439.
Romain Huret, La fin de la pauvreté ? Les experts sociaux en guerre contre la pauvreté aux États-Unis (1945-1974), Paris, EHESS, 2008.
Romain Huret, L’Amérique pauvre, Éditions Thierry Magnier, 2010.
Sylvie Morel, Les logiques de la réciprocité. Les transformations de la relation d’assistance aux Etats-Unis et en France, Paris, PUF, 2000.
Barack Obama, De la race en Amérique, Paris, Grasset, 2008. UN DISCOURS IMPORTANT, DISPONIBLE ICI
Lionel Stoléru, Vaincre la pauvreté dans les pays riches, Paris, Flammation, 1974. UN CLASSIQUE !
Loïc Wacquant, Parias urbains. Ghettos, banlieues, État, Paris, La Découverte, 2006.
William Julius Wilson : voir toutes les oeuvres du grand sociologue américain. Quelques recensions ICI
Un numéro de la revue Informations sociales (2013) sur le social aux Etats-Unis : ICI
LES “CLASSIQUES” DU SUJET
Michael Harrington, The Other America: Poverty in the United States, New York, Macmillan, 1962
Gunnar Myrdal, Challenge to Affluence, New York, Pantheon Books, 1962.
Daniel Patrick Moynihan, The Negro Family: The Case For National Action, Office of Policy Planning and Research, US Department of Labor, 1965 ; The Moynihan Report Revisited: Lessons and Reflections after Four Decades, ANNALS, N?621 Vol. 1, 2009
Charles Murray Losing Ground: American Social Policy, 1950-1980, Basic Books, 1984
L’orientation des interrogations et des inquiétudes concernant la famille a bien changé. Alors que l’on se tournait auparavant vers le passé, pour tenter de retrouver les racines de cette institution, on se tourne de plus en plus vers le futur, pour tenter d’en dégager les formes et les contours à venir. Principal inspirateur des réformes du droit de la famille dans les années 1960 et 1970, Jean Carbonnier – que l’on appelle, par révérence, le Doyen Carbonnier – l’avait bien saisi. « Famille, a-t-il écrit, si les savants d’il y a cent ans se demandaient d’où elle venait ; ceux d’aujourd’hui se demandent plutôt où elle va ».
Afin de tenter un point synthétique sur ce thème, au fond assez classique, du « où va la famille ? », on passera par trois étapes. Tout d’abord, on reprendra, vingt ans après, les constats et résultats d’un exercice de prospective sur la famille, publiés dans la revue Futuribles au début des années 1990. On soulignera, ensuite, les principales tendances aujourd’hui à l’œuvre. Enfin, on proposera quelques remarques et perspectives sur les décennies qui viennent.
L’annonce d’une modulation des allocations familiales en fonction des revenus mérite d’être appréciée sur trois registres. Sur le plan des principes, il y a mise en œuvre d’un « universalisme ciblé », comme au Royaume Uni pendant le dernier épisode travailliste. Tout le monde touche quelque chose, mais les « riches » un peu moins. Cette orientation, qui n’est pas totalement inédite dans le cadre de l’horlogerie sophistiquée de l’ensemble des prestations familiales, est assez « troisième voie ». Blairiste après l’heure pourrait-on dire. En tout cas une telle option est plus originale et moins radicale que la mise sous condition de ressources (tout le monde cotise, mais les « riches » ne touchent rien). Sur le plan des nécessaires économies, les chiffres seront fonction des paramètres retenus. Si les 20 % des familles les plus aisées voient le montant de leurs allocations familiales divisé par deux (soit environ 700 euros par an de moins pour une famille avec deux enfants, 1 700 pour une famille de trois enfants), ce pourrait être un milliard d’euros de réduction de dépense pour la branche Famille de la Sécurité sociale. Notons qu’en 1998 la mise sous condition de ressource, sur laquelle le gouvernement était revenu rapidement, ne concernait que les 10 % des familles les plus aisés, rapportant, globalement, la même somme. On a donc, avec la nouvelle idée, une multiplication par deux du volume des supposés riches, pour le même résultat budgétaire. Mais c’est sur un troisième plan, celui de la gestion, que la mesure est la plus problématique. Souvent négligée lors des annonces politiques, la gestion des prestations sociales est de plus en plus complexe.
La modulation des allocations familiales va commander la vérification des ressources de tous les allocataires, qu’ils aient droit à des allocations familiales à taux plein ou à taux réduit. L’exercice sera, certes, facilité par les liens désormais bien établis entre les CAF et l’administration fiscale. Cependant, les nouveaux critères de gestion des allocations familiales, prenant en considération les ressources des allocataires, vont amener des révisions importantes. Tout d’abord, comme pour les allocations logement, les ménages se verront servir un montant d’allocations familiales qui sera fonction de leurs ressources d’années passées et non du présent. Des évènements classiques de la vie familiale, comme l’arrivée ou le départ d’un enfant, une remise en couple pour une famille monoparentale, n’auront plus les mêmes conséquences prévisibles sur les allocations familiales qui seront moins lisible pour les destinataires et plus délicates à suivre par le gestionnaire. Surtout, pour les familles recomposées, pour le cas des enfants en résidence alternée, c’est un puissant choc de complication qui est amené par la modulation. Dans des situations où il est possible d’opérer le partage des allocations familiales (à moitié pour chacun des ménages où des enfants résident alternativement) il va devenir acrobatique de savoir qui a droit à quoi. Va-t-on tenter de prendre en compte la somme des deux revenus des deux ménages, en le divisant par deux ? Certainement pas. Des solutions alambiquées sont possibles. Mais, de toutes les manières, la modulation va avoir pour premier impact une complexification des circuits et des systèmes d’information.
Au total, ce bricolage, qui peut rapporter quelques sous et qui peut se défendre d’un certain point de vue, va opacifier encore davantage le système socio-fiscal que l’on veut, par ailleurs, simplifier. Il est pourtant d’autres possibilités. La fiscalisation des allocations familiales en est une. Rapportant, a priori, autant aux finances publiques que la modulation, elle a été écartée au nom d’un argument très discutable : on ne va pas reprendre d’une main (la fiscalité) ce que l’on donne de l’autre (des prestations). Il existe pourtant des revenus pour lesquels il en va exactement ainsi, le traitement des fonctionnaires en premier lieu. Un autre choix, plus radical, pour les allocations familiales est de les adapter aux familles contemporaines. L’épure du système date de l’après-guerre et distingue la France dans l’Union européenne. Par exemple par l’absence d’allocation familiale au premier enfant. Une piste de réforme structurelle tient dans la forfaitisation des allocations : le même montant pour tous les enfants, quel que soit leur rang dans une fratrie et quelles que soient les ressources de leurs parents. En refondant les allocations familiales et le quotient familial (qui à eux deux pèsent plus de 26 milliards d’euros) pour l’affecter à ces allocations plus adaptées à la diversité et à la fluidité des formes familiales, il pourrait même être possible de faire des économies. En augmentant les allocations pour tous les enfants, certes en rognant assez fermement sur le quotient familial, une réforme positive est possible. Soulignons que cette voie d’adaptation à la modernité familiale contribuerait au choc souhaité de simplification ! Il est vrai que la critique est aisée et la réduction des dépenses publiques compliquée.
Dans chaque niche fiscale – on le sait – se trouve un chien pour mordre. On va voir, à nouveau, dans les semaines qui viennent que dans toute prestation sociale il y a un dragon qui sommeille. Il vaut probablement mieux lui couper la tête d’un coup sec et positif que de chercher à l’écrêter.
Publié : « Simplifions le système des allocations familiales », Le Monde, 2 avril 2013.
Un entretien sur le Grand Paris, les théories et observations relatives à l’attractivité des métropoles, la situation parisienne et francilienne.
Contenu du cours
Le volet « urbain » de l’exclusion
Quels problèmes résoudre
La politique de la ville en France : modalités et contenus
Interrogations autour de la « discrimination positive territoriale » et de la « mixité sociale »
La présentation PowerPoint : ICI
Documents à lire prioritairement
Place ou people ? (Note ASH)
Population des ZUS (INSEE Première)
Quarante ans de politique de la ville – J. Damon
Pour aller plus loin : synthèse des deux ouvrages de Veltz et Davezies (2012)
Voir le site http://ville.gouv.fr/
Bibliographie complémentaire
Laurent Davezies, La crise qui vient. La nouvelle fracture territoriale, Paris, Seuil, « La République des idées », 2012.
Gwenaele Calvès, La discrimination positive, PUF, « Que sais-je ? », 2010.
Thomas Kirszbaum, Rénovation urbaine. Les leçons américaines, PUF, 2009.
Emmanuel Heyraud, La politique de la ville. Maîtriser les dispositifs et les enjeux, Berger-Levrault, 2010.
Pierre Veltz, Paris, France, Monde. Repenser l’économie par le territoire, La Tour d’Aigues, Éditions de l’aube, 2012.
Rapport 2010 de l’Observatoire national des zones urbaines sensibles.http://extranet.ville.gouv.fr/docvi…
Documents joints
Avant d’être virtuel et en ligne, Internet est fait d’infrastructures, d’investissements et de comportements. Trois récits en anglais au cœur de notre compagnon quotidien.
Contenu du cours
Les objectifs chiffrés de lutte contre la pauvreté (et l’exclusion)
Les objectifs du millénaire pour le développement
L’action publique française
L’insertion comme politique
Les minima sociaux (dont le RSA)
La présentation PowerPoint : ICI
Ouvrage capital pour le propos (bis) :
Diane Roman, Le droit public face à la pauvreté, Paris, LGDJ, coll.« Bibliothèque de droit public », 2002. SYNTHÈSE : ICI
Documents à lire prioritairement
Bibliographie complémentaire
Jeffrey Sachs, The End of Poverty. How we Can Make it Happen in our Lifetime, Londres, Penguin Books, 2005.
William Easterly (dir.), Reinventing Foreign Aid, Cambridge, MIT Press, 2008.
Abhijit V. Banerjee, Esther Duflo, Poor Economics. A Radical Rethinking of the Way to Fight Global Poverty, New York, Public Affairs, 2011. www.pooreconomics.com
Documents joints
Contenu du cours
Le système français de protection sociale : histoire, performances, crises
Les typologies des Etats providence
Les acteurs, les financements, les questionnements, aux échelles nationale et territoriale
La question de la pauvreté et de l’exclusion : première ou dernière ?
La présentation PowerPoint : ICI
Ouvrage capital pour le propos :
Diane Roman, Le droit public face à la pauvreté, Paris, LGDJ, coll.« Bibliothèque de droit public », 2002. SYNTHÈSE : ICI
Documents à lire prioritairement
Comptes de la protection sociale 2010 (France et Europe)
Synthèse de l’ouvrage « Éthique économique et sociale » (Philippe Van Parijs, Christian Arnsperger)
Protection sociale – Solidarité. Article de Mireille Elbaum (2007)
Site à regarder – l’Observatoire des inégalités : ici
Documents complémentaires
Bibliographie pour approfondir
Pascal Penaud (dir.), Politiques sociales, Paris, Dalloz/Presses de Sciences Po, 2011.
Bertrand Fragonard, Vive la protection sociale !, Paris, Odile Jacob, 2012.
Michel Borgetto, Robert Lafore, Droit de l’aide et de l’action sociales, Dalloz (régulièrement mis à jour).
Michel Borgetto, Robert Lafore, Jean-Jacques Dupeyroux, Droit de la Sécurité sociale, Dallo ( régulièrement mis à jour).
Voici une réorganisation, personnelle, de la bibliographie proposée autour de “L’exclusion sociale”.
Dans certains cas, des liens permettent d’accéder à des synthèses, des commentaires, des prolongements, voire des dépassements.
LES COMMENTAIRES PERSONNELS SONT EN MAJUSCULES
LES MUST READ (PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE, PLUS QUE TOUT AUTRE)
– Beaud S., Confavreux J. & Lindgaard J., (2006), La France invisible, La Découverte, Paris. PARCE QUE CE SONT DES AUTEURS QUI COMPTENT ET PARCE QUE LA NOTION D’INVISIBILITÉ A SON IMPORTANCE. À COMPLÉTER ET ACTUALISER AVEC Rosanvallon P. (2014), Le parlement des invisibles, Seuil, Paris.
– Bouglé C. (1907), Le solidarisme, V. Giard & E. Brière, Paris. VOIR, POUR UNE PERSPECTIVE PLUS GÉNÉRALE, SUR CETTE PÉRIODE ET CE COURANT : Serge Audier, La pensée solidariste. Aux sources du modèle républicain français, Paris, PUF, 2010.
– Bourdieu P. (éd.) (1993), La misère du monde, Le Seuil, Paris. ET LIRE LES CRITIQUES DE NONNA MAYER. COMMENT LA SOCIOLOGIE DE LA MISÈRE DEVIENT LA MISÈRE DE LA SOCIOLOGIE. Revue française de sociologie. 1995, vol. 36, n° 2.
– Bourgeois L. (1998)[1896], Solidarité, Presses du septentrion, Villeneuve-d’Ascq. VOIR, POUR UNE PERSPECTIVE PLUS GÉNÉRALE, SUR CETTE PÉRIODE ET CE COURANT : Serge Audier, La pensée solidariste. Aux sources du modèle républicain français, Paris, PUF, 2010.
– Castel R. (1995), Les Métamorphoses de la question sociale. Une chronique du salariat, Gallimard, Paris. S’IL N’Y AVAIT QUE DEUX LIVRES À LIRE SUR CES QUESTIONS, CELUI-CI EN FERAIT PARTIE
– Geremek B. (1979), Les marginaux parisiens aux XIXe et XVe siècles, Flammarion, Paris. VOIR SURTOUT « LA POTENCE ET LA PITIÉ » : La potence ou la pitié. L’Europe et les pauvres du Moyen-Age à nos jours, Paris, Gallimard, 1987(1978).
– Messu M. (1997), « l’exclusion : une catégorie sans objet », Genèses, n° 27, pp. 147-161. ET EN RÉPONSE À LA RÉPONSE : Paugam S. (1997), « L’exclusion. Généalogie d’un paradigme social », Sociétés et Représentations, n° 5, pp. 129-155.
– Paugam S. (1991), La disqualification sociale. Essai sur la nouvelle pauvreté, PUF, Paris. Avec ICI une synthèse de qualité sur cette analyse.
– Paugam S. (1996), L’exclusion : l’état des savoirs, La Découverte, Paris. ET, DONC, SA CRITIQUE PAR MESSU.
– Paugam S. (2009), Le lien social, PUF, Coll. Que sais-je ?, Paris? À COMPLÉTER PAR LE « REPÈRE » ÉPONYME DE PIERRE-YVES CUSSET
– Paugam S. (2011), Repenser la solidarité. L’apport des sciences sociales, PUF, Coll. Quadrige, Paris. NOTER QUE L’ON NE TITRE PLUS SUR L’EXCLUSION
– Procacci G. (1996), « Exclus ou citoyens ? Les pauvres devant les sciences sociales », Archives européennes de sociologie, 37, 2, pp. 323-342. UN EXCELLENT PAPIER. NOTER QUE EXCLUS DEVIENT PAUVRES DANS LE TITRE
– Rosanvallon P. (1995), La nouvelle question sociale. Repenser l’État-Providence, Seuil, Paris.
– Schnapper D. (1991), la France d’intégration, sociologie de la nation en 1990, Gallimard, Paris. ON PEUT AUSSI LIRE, PLUS COURT, Dominique Schnapper, Qu’est-ce que l’intégration ?, Paris, Gallimard, coll. « folio actuel », 2007 . ON PEUT LIRE AUSSI, MOINS COURT, MAIS TRÈS IMPORTANT : Dominique Schnapper, La démocratie providentielle. Essai sur l’égalité contemporaine, Paris, Gallimard, 2002.
– Simmel G. (2011), Les pauvres, PUF, Coll. Quadrige, Paris
– Wacquant L. (2006), Parias urbains. Ghettos, banlieues, État, La Découverte, Paris.
– Xiberras M. (2000), Les théories de l’exclusion, Armand Colin, Paris. À LIRE, NOTAMMENT LA PRÉFACE DE J. FREUND
Herpin N. (1993), « L’urban underclass chez les sociologues américains. Exclusion sociale et pauvreté », Revue française de sociologie, 34-3. pp. 421-439. SURTOUT, SURTOUT, VOIR LES TRAVAUX DE WILLIAM JULIUS WILSON. QUELQUES RÉFÉRENCES DE CET AUTEUR MAJEUR : ICI, ET, DANS UNE ANALYSE GÉNÉRALE DE LA DISCRIMINATION POSITIVE ET DE L’AFFIRMATIVE ACTION : LÀ
JE ME PERMETS D’AJOUTER DEUX TEXTES COURTS QUI ME SEMBLENT IMPORTANTS :
– Robert Lafore, “Penser l’exclusion. Le point aveugle de la protection sociale”, Informations sociales, n° 142, 2006. ICI
– Diane Roman, Le droit public face à la pauvreté, Paris, LGDJ, coll.« Bibliothèque de droit public », 2002. SYNTHÈSE : ICI
ET J’AJOUTE UN LIVRE ORIGINAL MAIS QUI ME SEMBLE FORMIDABLEMENT INTÉRESSANT. Il s’agit d’un “signet” des Belles lettres, c’est-à-dire d’une anthologie de textes anciens, grecs et latins. On va donc ici du VIII° siècle avant J.-C au V° après J.-C. Et on en apprend beaucoup sur les exclus de l’intérieur (les femmes et les pauvre – voir Ulysse en mendiant), l’esclavage, l’exil, la marginalisation volontaire (celle des philosophes en particulier), les proscriptions religieuses et autres persécutions. C’est très intéressant, très synthétique. Et ça sort des regards contemporains sur la pauvreté et l’exclusion au seul prisme (qui est le mien – je sais) des politiques publiques. À lire aussi la préface intelligente sous forme d’entretien avec Martin Hirsch.
– Exit. Exclus et marginaux en Grèce et à Rome, Paris, Les Belles Lettres, coll. “Signets”, 2012.
IMPORTANT : UNE NOTE TECHNIQUE AVEC TOUTES LES DÉFINITIONS, NON DE L’EXCLUSION, MAIS DE LA PAUVRETÉ : ICI, AVEC UN COMPLÉMENT D’ACTUALITÉ, ICI, TROIS RÉFÉRENCES À PLUSIEURS ÉCHELLES : LÀ
LES OUVRAGES ET TEXTES QUI ONT ÉTÉ IMPORTANTS MAIS DONT ON DOIT SURTOUT LIRE DES ACTUALISATIONS
– Atkinson T., Freyssinet J., Glaude M., Seibel C. (1998), Pauvreté et exclusion, Conseil d’analyse économique, La Documentation française, Paris.
– Fitoussi J.-P., Laurent E. et Maurice J. (2004), Ségrégation urbaine et intégration sociale, rapport n° 45 du Conseil d’analyse économique, La Documentation française, Paris. UN SLIDE
– Sénat. (2008), La mesure de la pauvreté et de l’exclusion sociale : quels indicateurs ?, Lesdocuments de travail du Sénat, série : Études économiques, Paris.
– Elbaum M. (1995), « Justice sociale, inégalités, exclusion », Revue de l’OFCE, n° 53, pp. 197-247.
– Join-Lambert M.-T. (1995), « Exclusion : pour une plus grande rigueur d’analyse », Droit social, n°3, mars, Paris.
LES SANS-ABRI
– Anderson N. (2011), Le Hobo, sociologie du sans abri, Armand Colin, Paris.
– Brousse Cécile (2008), Les sans-domiciles, La découverte, Coll. Repères, Paris
– Declerck P. (2003), Les naufragés. Avec les clochards de Paris, Plon, Coll. Terre humaine.
– Damon J. (2002), La question SDF. PUF, Paris. TEXTE QUE JE CONNAIS BIEN…. VOICI L’AVANT-PROPOS DE LA SECONDE ÉDITION (2012) : ICI
LES DISCRIMINATIONS
– Castel R. (2007), La discrimination négative. Citoyen ou indigène ?, Seuil, Coll. La République des idées, Paris
– Lanquetin M.T. (2009), « Égalité, diversité et… discriminations multiples », Travail, genre et sociétés, n° 21, p. 91-106.
SUR LES POLITIQUES PUBLIQUES ET LA PROTECTION SOCIALE
– Culpepper, P., Hall, P., Palier, B., dirs (2006), La France en mutations, Paris, Presses de Sciences Po.
– Esping-Andersen G. (1999), Les trois mondes de l’Etat-providence, PUF, Paris. UN (SEUL) TRANSPARENT DE SYNTHÈSE
– Mauger G. (2001), « Les politiques d’insertion. Une contribution paradoxale à la déstabilisation du marché du travail », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 136-137, pp. 5-14.
SUR LES ASPECTS TERRITORIAUX
– Donzelot J., « La ville à trois vitesses : relégation, périurbanisation, – Lapeyronnie D. et Courtois L. (2008), Ghetto urbain. Ségrégation, violence, pauvreté en France aujourd’hui, Robert Laffont. UN (DOUBLE) TRANSPARENT DE SYNTHÈSE
– Maurin E. (2004), Le ghetto français : enquête sur le séparatisme social, Seuil, Paris.
– Scotson J.-L , Elias N. (1997) Les logiques de l’exclusion. Enquête sociologique au cœur des problèmes d’une communauté, Fayard, Paris.
LA LITTÉRATURE COMPRENANT LES DESCRIPTIONS ET DONNÉES
– OCDE (2008), Croissance et inégalités, distribution des revenus et pauvreté dans les pays de l’OCDE. CE RAPPORT EST EXTRÊMEMENT CLAIR ET IMPORTANT. IL A ÉTÉ ACTUALISÉ DEPUIS 2008. POUR L’ESSENTIEL, IL FAUT ALLER SUR LE SITE DE L’OCDE : ICI
LES MANUELS
– Savidan P. et Maurin L. (2009), L’État des inégalités en France. éd. Belin. CET OUVRAGE EST RÉVISÉ ET ACUALISÉ TOUS LES ANS. LE MIEUX EST D’ALLER SUR LE SITE DE L’OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS : ICI
LES OBSERVATOIRES
– Aspects territoriaux, détaillés : ONZUS
– Aspects généraux : ONPES
COMPLÉMENTS DE L’AUTRE CÔTÉ DU PRISME (LES RICHES).
– Atkinson T. et Piketty T. (2007), Top incomes over the twentieth century, a contrast between continental Europe and english-speaking countries. Oxford UP. UNE SYNTHÈSE : ICI
– Landais C. (2007), Les Hauts Revenus en France (1998-2006) : une explosion des inégalités ? Document de travail de l’École économique de Paris. ET LE SUJET, LIÉ, DES “WORKING RICH” : ICI
ET SUR L’ÉCONOMIE GÉOGRAPHIQUE, UNE SYNTHÈSE DES TRAVAUX ET POSITION DE E. GLAESER…: ICI
SUR LES CLASSES MOYENNES : UNE SYNTHÈSE GÉNÉRALE DES TRAVAUX RÉCENTS (GOUX, MAURIN, CHAUVEL, ETC.) : ICI
— Maurin E., Goux D. (2012), Les classes moyennes, Seuil, Coll. La République des idées.
– Chauvel L. (2006), Les Classes moyennes à la dérive, Seuil, Paris.
ET, POUR FINIR, UNE BIBLIOGRAPHIE COMPLÉMENTAIRE
Pauvreté et exclusion : définitions et mesures, en France, en Europe, dans le monde
La bataille des indicateurs
DOCUMENT SOUS FORMAT POWERPOINT À REGARDER : ICI
Documents à lire prioritairement
Commission Européenne, Combating poverty and social exclusion. A statistical portrait of the European Union 2010, Luxembourg, Publications Of?ce of the European Union, 2010 : ici
Maria Cancian, Sheldon Danziger (dir.), Changing Poverty, Changing Policies, New York, Russel Sage Foundation, 2009, 422 pages.
Un « Que sais-je ? » sur l’exclusion : présentation
Un ouvrage sur les trois échelles de définition et de lutte contre la pauvreté : présentation
L’observatoire des inégalités : ici
En France, la famille constitue un domaine bien ciblé de l’action publique. L’ensemble des dispositifs destinés aux familles représentent près de 4 % du PIB, le niveau le plus élevé des pays de l’OCDE. Mais, contrairement a? de nombreuses politiques publiques dont les coûts sont souvent jugés excessifs par rapport a? leur efficacité, les politiques familiales bénéficient d’un regard positif, aussi bien dans le cadre national qu’a? l’extérieur des frontières.