Tous les ans, quand ce n’est pas plusieurs fois par an, est relancée une dispute bien française concernant la pauvreté, ses dimensions, ses explications, son augmentation. L’accumulation de rapports et d’informations alarmistes, reprises souvent de façon sensationnaliste, contraste avec la sécheresse des informations rigoureuses qui montrent plus une stabilité de la pauvreté que cet accroissement si souvent annoncé. Au regard de la profusion de chiffres (pouvant conduire à une certaine cacophonie), un point sur les données et définitions doit permettre des débats apaisés et ajustés autour de politiques publiques orientées sur la diminution, voire l’élimination de la pauvreté. Éradiquer la pauvreté constitue, avec des délimitations, des moyens et des indicateurs différents, une ambition quantifiée pour l’action publique menée aux trois échelles, internationale, européenne et française. En 2000, l’ONU a établi les « objectifs du millénaire pour le développement », visant notamment à réduire de moitié l’extrême pauvreté d’ici à 2015. À l’horizon 2020, l’Union européenne, dans sa nouvelle stratégie décennale, a affiché un objectif de diminution de 20 millions du nombre de pauvres. Depuis 2007, la France s’est fixé un objectif de réduction d’un tiers de la pauvreté, sur cinq ans. Ce volontarisme appelle, dans les trois cas, une élaboration technique afin de définir et de décrire la pauvreté. À ces trois échelles, française, européenne, internationale, les modes d’approche et de décompte ne sont pas les mêmes. Pour autant, ce qui les rassemble est plus important que ce qui les différencie. Et la situation française, pour préoccupante qu’elle soit, n’est pas aussi catastrophique que ce qui est régulièrement décrit et dénoncé.